Huit mois après avoir disqualifié le ravitailleur en vol de Boeing, le KC-46A Pegasus au profit de son concurrent franco-germano-espagnol l’Airbus A330MRTT, le gouvernement Libéral de Justin Trudeau récidive.
Il faut souligner que dans les deux cas, ni le Premier ministre Trudeau, ni le chef d’état-major de l’Aviation royale Canadienne (ARC) ne se sont hasardés à tenir une conférence de presse. Des laconiques communiqués de presse furent utilisés.
Maintenant, Justin Trudeau, un des trois fils de Pierre-Elliot Trudeau, premier ministre du Canada de 1968 à 1979 puis de 1980 à 1984, fait rebelote en rejetant le chasseur-bombardier Boeing F-18E/F Super Hornet acquis par l’US Navy et la Royal Australian Air Force tout en maintenant dans la course le Saab Gripen, un monoréacté de la catégorie du Northrop F-5E Tiger des années 1970 et le Lockheed Martin F-35A Lightning II.
Rappelons-nous que parmi toutes les inepties, demi-vérités, mensonges qui caractérisent son parcours politique, Justin Trudeau, alors candidat au poste de Premier ministre, avait promis le 20 septembre 2015 lors d’une réunion électorale dans un musée du port d’Halifax que le Canada n’achèterait jamais le F-35. L’antiaméricanisme est porteur de votes au Parti Libéral du Canada.
Donc soit le Canada se jette dans les bras de Saab et de son chasseur aux capacités très limitées ou opte pour le F-35 comme l’avait décidé le gouvernement précèdent, celui du Conservateur Stephen Harper.
Dans le second cas, Justin Trudeau et sa bande de Libéraux auront encore berné le peuple canadien avec une promesse qu’ils savaient, au moment où elle fut prononcée, impossible à tenir.
Tout mignon qu’il soit le chasseur-bombardier léger monoracté Gripen dont le vol du prototype remonte au 9 décembre 1988, ne fait pas le poids face aux avions de combat de quatrième génération comme le Dassault Rafale, le Lockheed Martin (né General Dynamics) F-16 Fighting Falcon, le Boeing (né McDonnell Douglas) F-15 Eagle, de quatrième génération et demie comme le Boeing (né McDonnell Douglas) F-18E/F Super Hornet ou de cinquième génération comme le Lockheed Martin F-35 Lightning II.
Le F-35 Lightning II reste le seul avion de combat de cinquième génération en production, l’autre, le Lockheed Martin F-22A Raptor ayant vu sa production s’achever en 2011.
Le Gripen équipe les forces aériennes de pays de moyenne importance : Suède, Brésil, Chèquie, Hongrie, Thaïlande et Afrique du Sud.
Heureusement que pour assurer sa place dans l’histoire, le Gripen a servi de base au développement par Boeing du T-7A Red Hawk, l’avion supersonique d’entrainement de l’US Air Force qui remplacera bientôt les Northrop T-38C dont le vol inaugural remonte à 1959.
La liste des clients du F-35 est longue et prestigieuse : l’US Air Force, l’US Navy, l’US Marine Corps, la Royal Navy, Heyl Ha Avir, la Japan Air Self-Defense Force (JASDF) et les forces aériennes de l’Italie, des Pays-Bas, de la Norvège, du Danemark, de la Corée du Sud, de la Belgique, de la Pologne, de Singapour et récemment de la Suisse.
Plus de 730 F-35 qui ont déjà effectué plus de 463 000 heures de vol sont en service au sein de 11 forces aériennes et de 29 bases. Plus de 1500 pilotes et 12000 techniciens ont été formés
Nous nous souviendrons que le 1er avril dernier, le Gouvernement du Canada au nom de l’Aviation royale canadienne (ARC) ou Royal Canadian Air Force (RCAF) eut le culot de rejetter la candidature du Boeing KC-46A Pegasus pour le remplacement des antiques CC-150 Polaris, des Airbus A310 rachetés de Canadian International Airlines par Ottawa pour aider le transporteur en difficulté et transformés en avions de transport militaire et en ravitailleurs en vol. Le gouvernement de Justin Trudeau laissait ainsi la place entière à la candidature de l’Airbus A330MRTT.
Le tanker Boeing KC-46A Pegasus a été choisi par l’USAF, la Japan Air Self-Defense Force et Heyl Ha Avir, des forces aériennes ayant une histoire opérationnelle aux antipodes de celle de la RCAF.
Depuis 1948, Boeing a construit plus de 2000 ravitailleurs en vol : KB-29, KB-50, KC-97, KC-135, KC-10, KC-767 et KC-46A. Pour sa part, Airbus a livré une cinquantaine de tankers A310MRTT et A330MRTT. Même Lockheed Martin a livré plus de ravitailleurs en vol que l’avionneur subventionné européen avec plus de 200 KC-130, version tanker de l’Hercules. Ceci n’empêcha pas le gouvernement Trudeau de rejeter l’offre de Boeing.
Maintenant, le gouvernement Trudeau Jr. élimine le Boeing F-18E/F de la compétition visant au remplacement des antiques McDonnell Douglas F-18C/D de la Royal Canadian Air Force achetés en 1978 par Pierre-Elliot Trudeau, père du présent premier ministre et livrés entre 1982 et 1986.
Ainsi aux dire du gouvernement du Canada, les Boeing KC-46A et F-18E/F ne répondent pas aux exigences de la Royal Canadian Air Force.
La rigolade!
Mais pourquoi, ils ne conviennent pas à Trudeau Jr. et aux subtils officiers de la RCAF?
Parce qu’ils ne sont pas équipés en première monte d’une cafetière et d’un compartiment à beignes de Tim Horton’s, la gloire gastronomique des Canadians.
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Parce que le ‘méchant’ Boeing s’est opposé avec raison en 2017 à la ‘gloire nationale’ qu’est Bombardier lors de la vente de feu de CSeries au transporteur américain Delta Air Lines rendue possible par les $3 milliards de subventions reçues par l’avionneur Bombardier de la part du gouvernement du Québec.
Nous nous souviendrons que dans les années 1970, cela prit des années avant que le gouvernement de Pierre-Elliot Trudeau porte finalement son choix sur le chasseur-bombardier biréacté F-18A/B Hornet de McDonnell Douglas pour le remplacement des vieux Lockheed F-104 Starfighter.
Son fils aura été fidèle à la tradition de son père. Alors que des pays comme Israël, le Japon et la Corée du Sud se sont décidés assez rapidement et que leurs forces aériennes volent déjà sur le F-35, le Canada en est encore à la phase de sélection, douze ans après avoir amorcé le processus. Il est nécessaire de souligner que si le gouvernement Conservateur de Stephen Harper avait été reconduit à la suite des élections de 2015 malheureusement remportées par les Libéraux de Justin Trudeau, les premiers F-35 aux couleurs de la RCAF voleraient déjà .
Le gouvernement Trudeau Jr. s’est rendu odieux en disqualifiant les Boeing KC-46A Pegasus et F-18E/F Super Hornet et fera de même bientôt quand il aura décidé de procéder au remplacement de ses antiques Lockheed P-3 Orion renommés au Canada CP-140 Aurora. Il éliminera le BoeingP-8A Poseidon déjà choisi par l’US Navy, la Royal Navy, la Royal Australian Air Force et les forces armées de l’Inde, de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande, de la Corée du Sud et même de l’Allemagne au grand dam de la France et de son président.
Le Canada se tournera alors vers des avions de patrouille maritime (MPA) de papier : Airbus A320MPA ou A220MPA, Bombardier Q400MPA ou Global MPA.
Au final, le Canada ne pourra qu’opter pour le Lockheed Martin F-35A Lightning II, rejeté de façon si véhémente par le candidat Trudeau aux élections de 2015.
En bon Libéral, il ne fera que reproduire ce qu’avait fait son maitre à penser, Jean Chrétien. Ce dernier, alors candidat au poste de premier ministre du Canada avait juré d’annuler la commande du gouvernement Conservateur de Brian Mulroney, d’hélicoptères britanniques EH-101. Devenu premier ministre, Jean Chrétien, quelques années plus tard acquérait des AgustaWestland Cormoran, le même appareil sous un nouveau nom après avoir versé $500 millions de compensations au constructeur.
J’espère que Washington prendra note de la façon dont un de ses nombreux fleurons, Boeing, est traité par le gouvernement Libéral de Justin Trudeau.
Quant à Boeing, il devrait songer fortement à rapatrier aux États-Unis les achats en biens et services que le géant de l’aérospatiale effectue au Canada dont la valeur s’élève annuellement à plus de $3 milliards de dollars.
Finalement, je ne peux passer sous silence la couardise des fournisseurs canadiens de Boeing et des associations que sont l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), la Canadian Association of Defence and Security Industries (CADSI) et Aéro Montréal qui se sont bien retenus de tout commentaire.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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