Ce lundi, veille de l’ouverture du Salon, est la journée de la presse alors que des hordes de journaliers, de menuisiers et d’électriciens s’affairent a monter les kiosques au Convention Center et que les aéronefs affluent au statique a Henderson Executive Airport.
Se succèdent alors dans quatre salles de conférences adjacentes et semblables, des conférences de presse de 8h00 à 14 ou 15h00 car il faut le reconnaitre, celles-ci se font plus rares depuis 2009, année du premier salon où se sentaient les répercussions de la faillite de Lehman Brothers d’octobre 2008, le catalyseur de la crise financière qui perdure depuis 2008.
Boeing Business Jets ouvrit le bal dès 8h00. Son président, le capitaine Scott Taylor réaffirma la position de tête du constructeur de Seattle qui, en 1996, créa le marché du Business Liners. Les BBJ, version affaires du 737 Next Generation s’accapareraient de 55% du marché global et les gros porteurs de Boeing, un autre 20%. Depuis 1996, Boeing a vendu en version affaires 8 767, six 777, 12 787 et 12 747. En tout, 211 appareils ont été vendus dont 186 ont été livré. Bientôt le premier 787 sera remis à son propriétaire et le premier 747-8, au second trimestre 2014.
La vente du premier BBJ dérivé du nouveau 737 Max devrait être bouclée sous peu. Il s’agira d’une déclination du 737-8 pouvant franchir 7000NM. Une version à masse augmentée devrait suivre soit un 737-7 équipé d’une aile de 737-8 pour une plus grande capacité de carburant et donc de rayon d’action ou une 737-8 avec une aile de 737-9.
Pour sa part, Airbus Corporate Jet a depuis le début de l’année vendu deux appareils, un ACJ319 et un ACJ320 et livré trois appareils soit un total de cinq depuis le dernier Salon. ACJ a, par ailleurs, livré son premier appareil muni des winglets ‘Sharklet’ qui en réduisant la trainée augmentent le rayon d’action de 200NM.
Toujours sur le marché du VVIP, la brésilienne espère y prendre place avec le lancement du Lineage 1000, la version avion d’affaires de haut de gamme du biréacté de transport régional, E-190. Allégé de 500 livres par l’élimination de douze hublots et d’une porte de service, le Lineage 1000offrira cinq sections et un rayon d’action augmenté de 200NM. Il pourra ainsi franchir 4400NM en haute vitesse de croisière ou 4600NM à mach 0.78. Cela lui permettra d’atteindre Los Angeles ou Shannon en Irlande depuis Teterboro en banlieue de New York.
Coté équipement, le Linegae 1000E sera équipé du système de divertissement et de gestion de la cabine Honeywell Ovation Select commandés à partir d’iPad et de l’Embraer Enhanced Vision System E2VS qui combine un viseur tête haute (HUD) et un système de vision améliorée (EVS).
Depuis sa certification en 2008, le Lineage 1000 a été livré à 14 exemplaires.
Le président de la branche avions d’affaires du constructeur de Sao José dos Campos, Ernest Edwards, qui prendra sa retraite bientôt après 45 années dans le milieu, fit le point sur les Legacy 450 et 500.
Le Legacy 450, la version raccourcie du 500, sera légèrement rallongé pour donner de 2 à 4 pouces d’espaces supplémentaires pour les jambes par rangées de siège. Première sur le marché des avions d’affaires de moyenne gamme, ils pourront tous deux être équipés d’un système de vision améliorée (EVS), intégré à l’E2VS, un avantage réservé jusqu’alors qu’aux bizjets à cabine large.
Le Legacy 500 a déjà accumulé 700 heures de vol et sa certification est prévue pour le premier semestre 2014. Le Legacy 450 devrait effectuer son premier vol dans les mois à venir pour une certification, un an après celle de son grand frère, le Legacy 500.
L’acteur Jackie Chan fit une seconde apparition à ce Salon en quelques années. Déjà propriétaire d’un Legacy 650, il deviendrait bientôt le premier propriétaire en Chine d’un Legacy 500.
Bombardier pour sa part annonça la transformation par Flexjet de 30 options sur des Learjet 85 en commandes fermes. Le 3 septembre dernier, tout en rendant public la vente de sa division de programme de multipropriété Flexjet, à Directional Aviation Capital, Bombardier avisa d’une méga commande de biréactés d’affaires portant sur 85 achats fermes et 160 options. La conversion de ces 30 options en commandes fermes porte le montant de la transaction à 2,4 milliards de dollars américains.
Lancé en 2007, le Learjet 85 est un biréacté de milieu de gamme tout composite, capable de transporter huit passagers sur 3000NM. Le 17 octobre dernier, le premier exemplaire a effectué sa sortie des ateliers de Learjet à Wichita au Kansas. Bien que le Learjet 85 n’est pas encore effectué son vol inaugural, sa mise en service est prévue pour le troisième trimestre 2014.
Le 7 octobre dernier marquait le 50ièeme anniversaire du premier vol du Lear Jet 23 à Wichita qui allait ouvrir une ère nouvelle de l’avion d’affaires.
L’américaine Nextant Aerospace, déjà connue pour sa remise à neuf de BeechJet 400A et 400XP en Nextant 400XT, s’attaque maintenant au marché du turboprop.
Allié à General Electric et Garmin, Nextant offre la transformation des King Air C90 dont plus de 2000 ont été construit depuis 1971 et dont une forte proportion est encore en service, en C90XT. Pour 2 millions de dollars, soit la moitié du prix d’un King Air C90GT actuel neuf, Nextant remplacera la turbine PT-6 de Pratt & Whitney Canada par une H80 construite en Tchéquie, dérivée de la Walter M601 et d’une suite avionique Garmin 1000 en lieu et place de la Rockwell Collins Pro Line 21. L’aéronef, une fois modifié, est muni d’une garantie comme neuf alors que Nextant fournit formation et service après-vente.
Mais ce fut Dassault Falcon qui offrit le clou de la journée si ce n’est de l’édition 2013 de cette grande messe de l’aviation d’affaires.
Le constructeur de Mérignac plaça l’évènement au statique à Henderson Executive Airport dans le chapiteau jouxtant trois Falcon en exposition. Au fonds la maquette pleine grandeur, encore bâchée de la cabine du dernier né des Falcon, un peu plus avant, toujours caché, une maquette sur pieds de l’appareil et entre les deux une tribune occupée par Éric Trappier, président de Dassault Aviation, John Rosanvallon, président de Falcon Jet et Olivier Villas, vice-président sénior des avions civils chez Dassault Aviation. En première rangée, Serge et Olivier Dassault et Charles Edelstenne, président sortant de Dassault Aviation.
Chuchoté et attendu depuis le lancement des études par Dassault en 2006, ce nouveau Falcon, le 5X, fut désigné jusqu’alors le SMS pour Super Mid Size, un marché porteur avant la crise financière d’octobre 2008. Il devrait entrer dans le marché alors bouillonnant des Challenger 300, Gulfstream G250 maintenant G280 et Legacy 600. Les choses ont bien changé depuis comme le gabarit de ce nouveau Falcon.
Au prix promotionnel de 45 millions de dollars américains pour les trente premiers acheteurs, le Falcon 5X est un bizjet de gros gabarit dans la cabine est plus haute et plus large que celles de tous les autres avions d’affaires y compris le Gulfstream G650.
Il est le premier Falcon totalement nouveau depuis le 7X mis en service en 2007. Il arbore, un fuselage et des ailes et un moteur, le Silvercrest de la SNECMA, totalement nouveaux.
Muni d’une cabine un peu plus courte que celle du G650, la référence sur le marché, le 5X pourra franchir 5200NM à mach 0.80 ou 4750NM à mach 0.85.
Ce dernier-né de la famille Falcon vise le marché du Gulfstream G450 capable de franchir 4200NM mais aussi celui du Bombardier Global 500 qui peut parcourir 5400NM au prix d’une consommation en carburant élevée.
D’une masse à vide considérablement moins élevée, d’une aérodynamique fine et de moteurs de 10 à 15% plus efficaces, le 5X affiche des couts d’opérations directs 30% inférieure à ceux du G450 et de 35% de moins  que ceux du Global 5000.
Dès 2009, le Falcon en gestation s’éloignait du marché du SMS pour devenir l’assise de futurs avions plus gros et volant plus loin.
Le fuselage circulaire du 5X est de huit pouces plus large que celle tout autre Falcon alors que sa longueur est inférieure de cinq pouces ce qui lui confère néanmoins un volume intérieur de 14% supérieur à celui du 7X. Le 5X offre un plafond plus haut de quatre pouces et une largeur au sol augmentée de dix pouces par rapport au 7X. Sa cabine de 25 pieds de long peut être divisée en trois sections : une à l’avant de quatre places en Club; une cabine centrale de quatre places et une à l’arrière offrant six sièges couchettes.
La pression de la cabine est de 3900 pieds au niveau FL410 et de 6000 pieds au FL510 ce qui assure un confort accru.
La luminosité de la cabine est prodiguée par 28 hublots de un pouce plus grand que ceux offerts précédemment par le constructeur de Mérignac.
Le 5X offre une soute à bagages de 155 pieds cubes accessible depuis la cabine en plus d’une seconde non pressurisée dans la queue de l’appareil.
Le cockpit affiche lui aussi une surface vitrée augmentée de 32%.
Son aile, totalement nouvelle de 779 pieds carrés, ne présente pas de winglets et offre une flèche de 33 degré.
D’une masse maximale au décollage de 69600 livres, le 5X sera propulsé par deux turbosoufflantes SNECMA Silvercrest de 11450 livres de poussée.
Coté avionique, la planche de bord sera une Honeywell EASy.
À noter que l’équipementier de Longueuil HerouxDevtek fournira les trains d’atterrissages de ce dernier-né de Dassault Falcon. HerouxDevtek conçoit et produit les atterrisseurs des Learjet 45 et bientôt des Learjet 85.
Â
Â
Son vol inaugural devrait avoir lieu au premier trimestre 2015 pour certification EASA et FAA avant la fin 2016.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
Commentaires