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Le Boeing 787 Dreamliner est à nouveau victime d’un problème électrique et, une fois de plus, c’est Japan Airlines qui écope. Le 9 octobre dernier, deux B-787 en partance pour Tokyo ont dû rebrousser chemin. Le premier, qui venait de décoller de l’aéroport international de Domodedovo à Moscou, a été victime d’une panne électrique paralysant les toilettes et les cuisines de l’avion. Le second venait de quitter San Diego lorsqu’une alarme se déclencha indiquant un problème de dégivrage du moteur droit. Les deux appareils ont pu reprendre leur vol après que les réparations appropriées aient été effectuées.
Problèmes électriques redouté
Le circuit électrique du Dreamliner est le talon d’Achille du Dreamliner. Ce qu’il faut savoir, c’est que le 787 est l’avion de ligne le plus électrique jamais construit. Tout ce qui pouvait être électrifié l’a été. Mentionnons le démarrage des moteurs, le système de freinage et le dégivrage des ailes etc. Les 6 alternateurs de l’avion produisent près de 1,5 mégawatt d’électricité, ce qui permettrait d’alimenter près de 400 maisons. Par comparaison, l’Airbus A-350 produit deux fois moins d’électricité que son homologue américain.
Chacun des réacteurs du 787-8 entraîne 2 alternateurs de 250 kVa chacun ; les deux derniers alternateurs, de 225 kVa chacun, sont activés par l’unité de puissance auxiliaire (APU). Cette énergie est envoyé dans un réseau électrique qui comporte deux batteries lithium-Ion et plusieurs postes de distribution.
Rappelons qu’au début du mois de janvier dernier, deux Dreamliner appartenant aux compagnies Japan Airlines et All Nippon Airways ont été victimes d’incendies causés par leurs batteries lithium-Ion. Ces incidents ont conduits à la suspension du certificat de navigabilité des Dreamliner pendant plus de 4 mois. La Federal Aviation Administration (FAA) a levé cette suspension après avoir accepté, le 19 avril dernier, une série de modifications proposées par Boeing pour limiter les conséquences négatives d’un incendie causées par ces batteries. Il s’agissait essentiellement de mieux isoler chaque cellule de la batterie. De cette façon un problème qui surviendrait dans une des cellules ne pourrait pas affecter les cellules voisines. Cette décision a été prise malgré le fait que le National Transportation Safety Board (NTSB) n’a pas encore complété son enquête sur les deux incidents et que la cause première des incendies demeure incertaine.
le 12 juillet dernier, un Dreamliner appartenant à Ethiopian Airlines a pris feu à l’aéroport international de Heathrow à Londres. Aucun employés ou passagers n’étaient à bord; l’avion était en stationnement depuis 8 heures. Les pompiers de l’aéroport ont aspergé l’avion de mousse carbonique et sont ensuite montés à bord où ils ont dû faire face à une fumée dense. La batterie lithium-ion installée près de l’unité de puissance auxiliaire (APU) a été la première soupçonnée mais elle a rapidement été exonérée de tout blâme. Les enquêteurs ont conclu que le feu a plutôt été déclenché par la balise d’urgence (Emergency Locator Transmitter) de l’avion.  Ce petit appareil, fabriqué par la compagnie Honeywell International était pourtant en service depuis plusieurs années sur d’autres avions fabriqués par Boeing, Airbus, Bombardier et EADS sans qu’ils aient éprouvé de problèmes de fiabilité.
Japan Airlines est un des plus importants opérateurs de Dreamliner au monde. Sa flotte comprend 11 B-787-8 qui sont déjà en service, 13 autres qui sont en commandes ainsi que 20 B-787-9 en commande également. Les analystes affirment que les nombreux problèmes électriques du Dreamliner font partie des raisons qui ont amenées Japan Airlines à commander, il y a quelques jours, 31 Airbus A-350, ce qui constitue une première dans l’histoire de cette compagnie japonaise.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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