MONTRÉAL – Nombre de mots : 1004 – Temps de lecture : 5 minutes.
Airbus Canada n’a pas invité une trentaine de journalistes hormis pour la deuxième fois ceux d’Info Aéro Québec, à son Airbus North American Tour 2019 pour seulement les entretenir des vertus indéniables du CSeries devenu après le don du programme à l’avionneur européen, l’A220, le même avion que John Leahy, l’ancien directeur des ventes d’Airbus, ‘l’homme aux dix milles Airbus’ avait qualifié en janvier 2016, d’’Orphan’ et de ‘Little nice aircraft’ et de ‘Poor seller’.
Lundi, après avoir visité les installations d’Airbus à Mirabel, le groupe de journalistes et de bloggers a été transporté vers l’usine d’assemblage d’Airbus Helicopters à Columbus, au Mississipi (GTR), dans un A319 d’Air Canada dédié aux transports VIP de membres des clubs de sport professionnels.  Cette visite occupa son mardi avant qu’il ne s’envole à nouveau afin de découvrir le hall d’assemblage d’Airbus à Mobile, en Alabama (MOB), où sont assemblés à partir de kits venus d’Europe depuis 2016 des Airbus A320 et à partir de 2020, des A220, naguère connus sous le nom de CSeries.
La machine à propagande d’Airbus n’a pas déplacé tout ce beau monde, y compris des journalistes et bloggers canadiens, pour lui seriner uniquement les qualités de l’A220.
L’objectif est de préparer le terrain pour fondre sur les prochains gros contrats que va octroyer le gouvernement canadien au profit de l’Aviation royale canadienne (ARC) ou Royal Canadian Air Force (RCAF).
Le constructeur aérospatial franco-germano-espagnol voit grand, même très grand
Rin de nouveau vous me direz car dès mon entrevue réalisée avec Simon Jacques, président d’Airbus Defence and Space Canada, lors du Salon CANSEC tenu en mai 2016 alors que je devinais avant bien d’autres le plan du constructeur européen http://infoaeroquebec.net/cansec-2016-les-trois-priorites-dairbus-defense-and-space-canada/.
Mais heureusement, le Canada a une longue tradition d’achats d’avions militaires américains avec
Les chasseurs :
North American F-86 Sabre en 1950
McDonnell F2H Banshee en 1955
Lockheed F-104 Starfighter en 1961
McDonnell F-101 VooDoo en 1963
McDonnell F-18 Hornet en 1982,
Les avions de transport tactique :
Lockheed C-130E/H Hercules
Lockheed Martin C-130J Super Hercules
Les avions de transport stratégique :
Boeing C-137
Boeing C-17 Globemaster III
Les avions de patrouille maritime :
Grumman CP-121 Tracker
Lockheed CP-127 Neptune
Lockheed CP-140 (P-3A Orion)
Les hélicoptères légers :
Bell Helicopter CH-136 Kiowa
Bell Helicopter CT-139 JetRanger
Bell Helicopter CH-118 Iroquois
Bell Helicopter CH-135 Twin Huey
Bell Helicopter CH-146 Grifon
Les hélicoptères moyens :
Boeing CH-113 Labrador
Boeing CH-113 Voyageur
Les hélicoptères lourds :
Boeing CH-47A
Boeing CH-47D
Boeing CH-47F
Les hélicoptères maritimes :
Sikorsky CH-124 Sea King
Sikorsky CH-149 Cyclone
Les avions d’entraînement:
Lockheed CT-133 Silver Star
Beechcraft CT-156 Harvard II.
Mais le sauvetage, en septembre 2017, de la gamme de jets commerciaux biréactés monocouloirs de 100 à 130 places CSeries de Bombardier par Airbus, semble donner à ce dernier des ailes pour ne pas dire une arrogance certaine.
Le raisonnement d’Airbus et des attachés militaires français est simple : Pourquoi ne pas récompenser le Chevalier blanc, en l’occurence Airbus qui a sauvé Bombardier des affres des poursuites du géant aérospatial américain Boeing en lui octroyant les prochains très importants contrats d’achats d’aéronefs de l’Aviation royale canadienne. Rien de plus normal dans la logique Airbus. Afin de décrocher des commandes civiles, le constructeur de Toulouse n’a pas hésité à permettre au poulet thaïlandais d’entrer sur le marché européen en échange d’une commande d’Airbus par Thai Airlines au détriment, bien entendu de Boeing et à concéder des portes à l’aéroport Paris-Orly (ORY) à la Low Cost EasyJet si elle se détourne des Boeing 737 en faveur des Airbus A320. L’hebdomadaire ‘The Economist’ en a dressé la liste dans un article publié il y a une dizaine d’années. Au Canada, nous savons très bien ce que le nom de Karlheinz Schreiber évoque.
Donc ainsi, si Airbus a dépensé tant d’argent pour traiter aux petits oignions une trentaine de journalistes mais aussi de bloggers dans ce périple de trois jours, c’est aussi pour exposer sa liste de vœux et avancer sa cause auprès du gouvernement du Canada, de celui du Québec mais aussi de la population.
La liste de vœux d’Airbus est longue :
Placer ses chasseurs bombardiers bi-réactés de quatrième génération Typhoon dont le vol inaugural remonte à 1994 face au Boeing F-18E/F Super Hornet de quatrième génération et demi et le LockheedMartÃn F-35A Lightning II, le seul avion de combat de cinquième génération avec son grand frère, le chasseur de supériorité aérienne F-22A Raptor.
Placer son ravitailleur en vol A330MRTT face au Boeing KC-46A Pegasus sélectionné par l’US Air Force, la Japan Self Defense Air Force (JSDAF) et très bientôt Heyl Ha Avir. Boeing a construit plus de 2000 tankers, Airbus moins de 60.
Placer son A319MAP (Maritime Aircraft Patrol), un avion de papier encore au stade du dessin face au Boeing P-8A Poseidon en service au sein de l’US Navy depuis 2013 qui, pour l’instant, en a passé commande de 122 exemplaires et choisi par les forces armées de l’Inde, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège et de l’Australie.
Placer ses satellites de communications militaires (MilComSat) face à ceux de Boeing et de LockheedMartin.
De plus depuis le Love-In Airbus-Bombardier d’octobre 2017, Airbus est partout et ses représentants et porte-paroles sont infiltrés lors de tous les salons et conférences portant sur la défense et l’aérospatiale au Canada: Canadian Aeropace Summit de l’AIAC, le Colloque sur la défense et le Forum Innovation en aéronautique (FIA) d’AéroMontréal et CANSEC de CADSI pour ne citer que ceux-ci.
Et Airbus n’a fini d’ici-là de se manifester.
L’octroi, contre toute attente par les Libéraux fédéraux de Justin Trudeau, le 1erdécembre 2016, du contrat de l’avion de recherche et de sauvetage à voilure fixe (ARSVF-FWSAR) à Airbus et à son C295, a certainement donné des ailes au constructeur européen. Cette compétition remontant au début des années 2000 et visant au remplacement des vieux De Havilland Canada CC-108 avait pour favori, le biturbopropulsé Leonardo (anciennement Alenia) C-27J.
L’élection d’un gouvernement Conservateur avec à sa tête Andrew Scheer aux élections fédérales d’octobre 2019 qui relèguerait les Libéraux de Justin Trudeau aux bancs de l’opposition, pourrait marquer la fin des espoirs d’Airbus au Canada.
C’est à souhaiter ardemment!
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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