MONTRÉAL – Nombre de mots : 2520 – Temps de lecture : 10 minutes.  Dans une des magnifiques salles de fête du Centre des sciences de Montréal, situé dans le Vieux-Port de Montréal, s’est tenue à partir de 10h00, le jeudi 10 mai 2018, la 26iéme assemblée annuelle d’Aéroports de Montréal portant sur la revue des activités et les états financiers de l’aéroport international Montréal-Trudeau (YUL) et du parc aéronautique et industriel de Mirabel (YMX) pour l’année 2017. Environ 150 personnes étaient au rendez-vous mais contrairement à il y a quelques années, aucun représentant du regroupement ‘Les pollués de Montréal-Trudeau’ ne se manifestèrent, eux qui dans le passé se suivaient lors de la période des questions du public. Selon monsieur Rainville, ils auraient trouvé leur voie de communication avec Aéroports de Montréal à travers les tribunaux ce qui, de son propre aveu ‘calme l’assemblée générale annuelle’.
Sur la question recours collectif intenté par ‘les pollués de Montréal-Trudeau’ pour ‘nuisances sonores excessives et dangereuses pour la vie humaine provoquées par le trafic aérien de l’aéroport Montréal-Trudeau’ et autorisé par la Cour supérieure du Québec le 5 avril 2018, monsieur Rainville reconnut que rien n’est encore décidé et que des discussions sont en cours avec Transports Canada et Nav Canada, eux aussi visés.
Comme bien des aéroports, l’entourage de l’aéroport international Montréal-Trudeau, connu anciennement comme l’aéroport international Montréal- Dorval a bien changé au fil des ans. Depuis sa création en 1941, les zones habitées se sont rapprochées grandement des pistes, rendant préoccupante la question du bruit.
Il est essentiel de rappeler qu’Aéroports de Montréal (ADM) est l’autorité aéroportuaire du Grand Montréal qui a été créée en 1992 dans la foulée du Programme de cession des aéroports du gouvernement fédéral canadien.
ADM est une corporation privée sans but lucratif et sans capital-actions, qui est centrée sur sa mission qui consiste en réinvestir 100 % de ses bénéfices dans le développement des services et des infrastructures et qui est liée à Transports Canada par un bail qui a pris effet le 31 juillet 1992 et viendra à échéance en 2072. ADM compte 650 employés tandis que 33 826 personnes travaillent sur le site de Montréal-Trudeau et près de 60 000 voyageurs y passent chaque jour.
Comme le fera remarquer monsieur Rainville lors du point de presse, ADM, ne reçoit aucune subvention et doit même payer un loyer qui équivaut à plus de 12% des recettes, à Transports Canada, unique propriétaire du terrain sur lequel la Société bâtit et entretient les infrastructures.
Au Canada, les grands aéroports sont donc des sources de revenus pour les gouvernements, Aéroports de Montréal versant annuellement plus de 44 millions de dollars en taxes municipales alors qu’aux États-Unis, les aéroports en sont exempts.
Fidèle à la tradition, ce fut le président du conseil d’administration d’Aéroports de Montréal, monsieur Normand Legault, qui ouvrit cette assemblée publique portant sur la gestion, l’exploitation et l’entretien des sites aéroportuaires en vertu du bail avec Transport Canada doit être tenue dans les 135 jours suivant la fin de l’année civile.
Monsieur Legault déclara qu’au regard des résultats de l’année 2017, 2018 sera une autre année de croissance portée par des prix du pétrole relativement bas, un nombre croissant de passagers d’Air Canada transitant par Montréal-Trudeau et le fait que Montréal ‘a le vent dans les voiles ou dans les ailes’.
En 2017, l’Aéroport Montréal-Trudeau a franchi la barre des 18 millions de passagers, une augmentation de 1,6 million de personnes sur un an, une croissance de 9,5%. Plusieurs vols directs ont été offerts donc ceux vers Shanghai (PVG), Tel-Aviv Ben-Gourion (TLV)et Lima (LIM) alors que s’ajoutera à la liste, Tokyo (NRT), le 1erjuin alors qu’il a été ajouté sept espaces supplémentaires de stationnement pour gros porteurs.
Du côté de l’aéroport Montréal-Mirabel, les investissements des dernières années ont permis que maintenant plus de 4 700 personnes travaillent dans le parc aéronautique et industriel de Mirabel.
Sur le plan financier, monsieur Legault révéla que les revenus d’ADM ont progressé de 10 % et que l’excédent des produits sur les charges s’est accru de 10,9 %.
Pour lui, ADM maintient donc une bonne santé financière et prévoit investir pas moins de 2,5 milliards de dollars lors des cinq prochaines années qui serviront à la réfection, la rénovation et la reconstruction des installations afin de répondre aux besoins de capacité d’accueil.
Le président du conseil d’administration a souligné la hausse de la satisfaction de la clientèle en 2017, celle-ci s’élevant au départ à 5,84 sur 7 et à l’arrivée, 6,09 sur 7.
Le conseil d’administration d’Aéroports de Montréal sur lequel siège déjà , entre autres, madame Hélène V. Gagnon, vice-présidente, affaires publiques et communications mondiales chez CAE, a souligné l’arrivée à titre d’administrateur de Madame Suzanne Rancourt à titre d’administratrice, proposéepar la CCMM et de monsieur Marc G. Bruneau, nommé par le gouvernement du Canada.
Monsieur Philippe Rainville, pour sa première assemblée annuelle en tant que pdg après le départ à la retraite de monsieur James C. Cherry, après quinze ans à la tête de l’organisation, ne put cacher son enthousiasme en lançant que ‘Montréal-Trudeau est sur une belle lancée et franchira sans doute dès l’an prochain le cap des 20 millions de passagers’.
Pour 2017, Montréal-Trudeau n’accueillit pas moins de 18,2 millions de passagers, une augmentation vertigineuse de 9,5 % sur un an. Mieux encore, il s’agit de la 8ehausse annuelle consécutive d’achalandage à Montréal-Trudeau qui connaît ainsi une des croissances les plus dynamiques en Amérique du Nord.
Son secteur international a connu la plus forte augmentation en 2017 avec une poussée de 13,5 % alimentée principalement par l’ouverture de nouvelles liaisons directes vers la Chine, le Mexique et Israël. Avec maintenant 89 liaisons directes à ce jour, Montréal-Trudeau est devenu l’aéroport le plus international au Canada.
De son côté, le secteur domestique, en d’autres mots les vols au Canada, a présenté une croissance de 7,6 % aidée par l’arrivée de West Jet dans le corridor Montréal-Québec (YQB) et Montréal-Halifax (YHZ) ainsi que l’entrée d’Air Transat sur la route Montréal-Vancouver (YVR).
Quant au trafic transfrontalier, soit les liaisons Canada-États-Unis, son volume a augmenté de 6,2 % avec l’ouverture de plusieurs nouvelles routes dont celle d’Air Canada avec ses liaisons Montréal-Dallas Fort-Worth (DFW) et Montréal-Phoenix (PHX).
En 2017, Montréal-Trudeau a notamment accueilli le nouveau transporteur international mexicain Interjet qui a permis d’augmenter l’offre de transport vers Cancún (CUN) et Mexico (MEX), à raison de trois vols par semaine. Durant l’été 2018, le transporteur Low Cost Level, filiale du groupe IAG auquel appartiennent British Airways, Iberia, Air Lingus et Vueling qui proposera des vols entre Montréal et Paris-Orly (ORY).
Néanmoins et logiquement, Air Canada demeure le principal transporteur aérien à Montréal-Trudeau avec pas moins de 54 % des passagers. D’ailleurs, en 2017, elle a lancé huit nouvelles destinations au départ de Montréal, dont Alger (ALG), Dallas Fort-Worth (DFW), Lima (LIM), Marseille (MRS), Reykjavik (RKV), Shanghai (PVG), Tel-Aviv (TLV) et Washington-Dulles (IAD).
En 2018, Air Canada offrira, entre autres, un nouveau vol quotidien sans escale, entre Montréal et Tokyo (NRT), et ce dans 3 semaines; également des vols vers Bucarest (OTP), Dublin (DUB), Lisbonne (LIS), Phoenix (PHX), Pittsburgh (PIT), Baltimore (BWI) et au Canada, Victoria (YYJ), London (YXU) et Windsor (YGQ).
De son côté, Air Transat a ajouté quatre villes à son offre avec des vols à destination de Porto (OPO), Santo Domingo (SDQ), Tel-Aviv (TLV) et Vancouver (YVR).
En 2018, Montréal-Trudeau comptera un grand total de 148 destinations régulières et saisonnières, dont 89 à l’international, 28 aux États-Unis et 31 au Canada, lesquelles seront desservies par un total de 34 transporteurs.
Un des facteurs expliquant cette croissance est la hausse importante des passagers en correspondance qui, en 10 ans, sont passés de 12 % à 20 % du total.
Afin d’améliorer le séjour des passagers à Montréal-Trudeau, Aéroports de Montréal aconçu un Programme Expérience-passager à deux volets.
Le premier volet consiste à assurer la fluidité du parcours passager et, à cette fin :
Le deuxième volet consiste à faire vivre aux voyageurs des expériences particulières pour refléter l’accueil de Montréal.
Dans ce but, des petites attentions sont destinées aux passagers lors des périodes festives de l’année : Noël, St-Valentin, Pâques, comme la distribution de chocolats; des prestations artistiques et musicales qui, grâce à YULconcert, mettent en vedette des artistes québécois et des activités spécifiques ou performances en relation avec le Festival de jazz, Montréal en lumière ou le Grand Prix.
L’expérience-passager prend aussi la forme d’une offre commerciale de boutiques et de restaurants renouvelée et bonifiée.
Au chapitre de la sûreté et sécurité, aux dires de monsieur Rainville, Aéroports de Montréal y accorde la plus grande importance.
Ainsi trente exercices et simulations furent tenus en 2017 afin d’évaluer et d’améliorer en continu la coordination des processus de sûreté dont un majeur, en octobre 2017 en partenariat avec le SPVM, Urgences santé, la Sûreté du Québec et la GRC qui s’est déroulée dans l’aérogare pendant plus de 6 heures et a mobilisé plus de 600 participants.
Par ailleurs, afin d’accroître l’étanchéité du périmètre du site aéroportuaire et d’augmenter les contrôles pour les véhicules et les employés accédant au site et de se conformer aux normes de l’OACI et de Transport Canada, cinq postes de contrôle ont été inaugurés le 1eravril 2017 au coût de 50 millions de dollars.
Finalement depuis le début d’avril 2018, les paramédics d’Urgences-santé assurent une présence permanente à Montréal-Trudeau réduisant d’autant le temps d’intervention dans l’aérogare.
Face à la croissance du trafic passagers et afin d’en améliorer sa fluidité, Aéroports de Montréal a concentré ses efforts sur l’augmentation de la capacité des infrastructures existantes.
Par conséquent, l’ouverture des services du secteur des départs transfrontaliers a été devancée de trente minutes, la salle à bagages transfrontalière a été utilisée en renfort des vols internationaux et au nord de la piste 10-28, sept emplacements de stationnement pour gros porteurs ont été ajoutés.
Toujours afin d’augmenter le débit des passagers, douze nouvelles lignes à haut rendement au point de fouille aux départs domestiques et internationaux (ACSTA Plus)alors que dans la zone des départs vers les États-Unis, le nombre de bornes de contrôle frontalier est passé de 18 à 28. Du côté des arrivées internationales,ont été ajoutées 133 bornes de contrôle frontalier.
Du côté de l’aéroport Montréal-Mirabel (YMX), en 2017, un deuxième projet industriel a vu le jour sur le site de l’ancienne aérogare par la construction d’une usine de 7000m2 par l’entreprise Pro-Amino Internationale. Dans le secteur ouest du site, l’entreprise de transport et d’entreposage Transit-Nord Plus a construit un bâtiment d’environ 1 800 m2qui abritera notamment son siège social alors que Transport Robert a également augmenté sa capacité d’entreposage en louant des espaces additionnels dans les bâtiments Cargo A et Cargo D
Nolinor établie à Mirabeldepuis 2005 a accru ses activités de vols commerciaux nolisés.
Comme le dévoila Philippe Rainville, en 2017, les revenus d’Aéroports de Montréal ont atteint 579,7 millions de dollars, une hausse de 10 % principalement attribuable à l’augmentation du nombre de passagers. Ainsi 36,4% des revenus provenaient des activités aéronautiques, 32,5% des activités non-aéronautiques soit les loyers des boutiques, restaurants et stationnements et 31,1% des frais d’amélioration portuaires payés par les passagers lors de l’achat des billets d’avions.
Néanmoins, le loyer à Transports Canada et les taxes municipales ‘continuent d’être lourds’ aux dires du pdg d’Aéroports de Montréal pour totaliser 101,6 millions de dollars et engloutir près de 18,8 % des revenus bruts. Les salaires et charges sociales mobilisent 72,3 millions de dollars soit 13,4% des dépenses totales; les amortissements, 139,1 millions de dollars, 25,8%; les charges financières, 103,1 millions de dollars, 19,1% et les frais d’exploitation et d’administration, 123,9 millions de dollars, 22,9%.
Un excédent des produits par rapport aux charges s’est dégagé et a atteint 39,7 millions de dollars, en hausse de 10,9 % par rapport à 2016. Pour sa part, le BAIIA qui, pour monsieur Rainville, est ‘le meilleur indicateur de notre capacité à faire face à nos obligations financières et à poursuivre nos programmes d’améliorations aéroportuaires’, s’est établi à 281,9 millions de dollars, une hausse appréciable de 10,9 % par rapport à  2016.
Au premier trimestre 2018, le trafic passager a augmenté à Montréal-Trudeau de7%, pour atteindre les 4.4 millions de passagers. Les revenus totaux ont grimpé de 7,6% pour se chiffrer à 145.5 millions de dollars. L’excédent des produits par rapport aux charges a été de 4,1 millions de dollars en hausse de 13,9% alors que le BAIIA s’est établi à 65,4 millions de dollars, un bon de 7,9%.
Sur le plan du développement durable, Aéroports de Montréal a créé en 2017, une vice-présidence Développement durable. Des investissements de 2,8 millions de dollars ont été engagés par l’installation d’équipements pour la gestion des matières résiduelles à la jetée internationale ; de celle de compteurs d’eau à toutes les entrées de l’aérogare et des bâtiments connexes ; la construction d’un nouveau site de vidange des balais de rue ; l’installation de douze bornes de recharge additionnelles pour véhicules électriques et la poursuite d’initiativesvisant l’efficacité énergétique et la réduction des GES, comme le remplacement complet du système de ventilation de la jetée internationale et l’installation de luminaires DEL au niveau de la piste 06G.
De surcroît, Aéroports de Montréal exige que 70 % des véhicules des détenteurs de permis de taxis soient hybrides alors que lors du dégivrage des aéronefs, son partenaire Aéromag, récupère le glycol et le ramène à une concentration de 99,5 % pour sa réutilisation.
Monsieur Rainville conclut en dévoilant que la priorité au niveau de l’exploitation d’ADM sera donc d’augmenter la capacité d’opération afin de faire face à un taux de croissance annuel de l’achalandage de l’ordre de 4% prévue dans la planification stratégique 2018-2022 d’ADM tout en maintenant un très haut niveau de qualité des services.
À cette fin, des travaux d’une valeur de 2,5 milliards de dollars, côté ville et côté air tels que présentés le 30 avril dernier à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain seront entrepris lors des cinq prochaines années.
À titre indicatif, une étude du Conference Board du Canada révèle que les deux aéroports de Montréal ont généré en 2017, 72 703 emplois, dont 33 826 emplois directs et injectent 7,9 milliards de dollars par année à l’économie du Québec ce qui représente 1,9 % du PIB de la province et 3,3 % de celui du Grand Montréal.
En toute fin d’assemblée, le pdg d’Aéroports de Montréal souligna qu’’un aéroport est une infrastructure essentielle…un important moteur de développement économique pour une région. Et le nôtre ne fait pas exception’.
Pour monsieur Rainville, l’avenir de Montréal-Trudeau s’annonce prometteur car grâce aux nombreux projets de développement, d’agrandissement à venir feront de ‘Montréal-Trudeau un aéroport international, dont les Montréalais seront encore plus fiers’.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
Commentaires