MONTRÉAL – Nombre de mot : 782 – Temps de lecture : 5  minutes. Il n’y a pas seulement le nom ‘C Series’ qui, sous peu, va disparaître mais également le contrôle du programme C Series car les gens d’Airbus détiendront bientôt les postes clefs de la Société en commandite Avions C Series (SCACS), l’entité de Bombardier chargée de fabriquer et de commercialiser les avions de la famille C Series. Pour l’instant, l’avionneur franco-germano-hispanique en possède 50,01 % sans avoir versé un sou dans ce programme dont le développement a coûté plus de six milliards de dollars dont au moins un milliard provenant du trésor public. Ainsi pour le moment, Bombardier et Investissement Québec (IQ) détiennent, approximativement et respectivement, 31 % et 19 % du capital.
Ainsi le 25 avril dernier, les journalistes Benjamin D. Katz et Frédéric Tomesco de l’Agence Bloomberg dans un article intitulé’ Bombardier C Series Set to Become Just Another Airbus After Deal‘ nous apprenaient qu’alors qu’Airbus et Bombardier s’affairent toujours à finaliser leur alliance, le constructeur européen exigerait que la famille de jets commerciaux de cent places développée par Bombardier adopte rapidement le nom d’Airbus et se fonde dans la famille des monocouloirs du constructeur européen Airbus.
Question de rationnaliser mais surtout de marquer le terrain, Airbus aurait exigé le changement de nom, le plus vite possible, en rebaptisant les Bombardier CS100 et CS300, respectivement Airbus A210 et A230.
Le tout serait annoncé lors de la conclusion de l’entente entre Airbus et Bombardier qui devrait survenir au plus tard lors du Salon de Farnborough qui se tiendra, comme toutes les années paires, en juillet prochain, en banlieue nord de Londres.
Il est ironique de rappeler que la désignation C Series, signifiant ‘Competitive, Continental, Connector’ de ce projet qui avait vu le jour sous le nom de BRJ-X, avait été dévoilée lors du Salon de Farnborough de 2004.
Pour justifier la disparition du nom C Series, les responsables d’Airbus et de Bombardier prétexteront, en toute rationalité, que la marque Airbus est plus connue, peut-être plus rassurante que celle de Bombardier et qu’elle permettra de débarasser le C Series d’une image d’avion de transport régional. C’est aussi, une façon de rappeler qui est maintenant en commande des destinées du biréacté de cent places québécois.
Photo; Airbus Industrie.
Mais la mainmise d’Airbus ne s’arrête pas là car selon une note interne révélée par l’américaine Airinsight, même si un nombre égal de postes de direction à la tête de la Société en commandite Avions C Series (SCACS)sont détenus par des cadres d’Airbus et de Bombardier, les plus importants reviendraient à des gens de l’avionneur européen.
D’Airbus:
De Bombardier:
Ainsi sur les douze membres de la direction, certes, six proviendront de Bombardier mais les postes névralgiques dont ceux de pdg et de directeur du programme seront détenus par des membres d’Airbus.
De toute évidence, Airbus prendra le contrôle complet du programme C Series dans un avenir rapproché et ultérieurement, de la division Avions régionaux dont hériterait, selon toujours la même note interne, Fred Cromer, président, Avions commerciaux, depuis son entrée en poste chez Bombardier, le 9 avril 2015.
Tout indique qu’à terme, les installations de Mirabel deviendront à l’instar de celles de Tianjin, en Chine et de Mobile, en Alabama, une unité de production de la constellation Airbus. Rien de plus.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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