DORVAL – Nombre de mots : 1323 – Temps de lecture : 6 minutes. Lundi après-midi fut convoquée une conférence de presse, au siège social d’Air Transat à l’aéroport international Montréal-Trudeau (YUL), par la direction de Transat un peu moins de trois heures avant le dévoilement de la nouvelle livrée de sa flotte d’avions de ligne à l’occasion de la célébration du trentième anniversaire du transporteur aérien.
Pour répondre aux questions d’une quinzaine de journalistes non seulement locaux mais aussi américains, britanniques et français, se prêtèrent à l’exercice, Jean-Marc Eustache, co-fondateur, président du conseil, président et chef de la direction Transat, Annick Guérard, chef de l’exploitation, Transat, et Jean-François Lemay, président-directeur général, Air Transat sous les auspices de Christophe Hennebelle, vice-président, ressources humaines et affaires publiques, Transat.
Au départ, une petite agence de voyages devenue un voyagiste, l’organisation s’est lancée en bourse et a fondé en 1987 Air Transat pour adopter le nom de Transat AT. Vingt ans plus tard, Transat devenait la plus grande compagnie de tourisme intégré au Canada après de multiples acquisitions et une forte croissance interne. Transat AT est devenu un joueur important du tourisme international en transportant annuellement 4,5 millions de passagers dont un million de passagers européens qui prennent Air Transat chaque année. Générant des revenus de presque trois milliards de dollars canadiens, desservant une soixantaine de destinations en Europe et dans le sud, employant 7000 employés au Canada, au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis au Mexique en République Dominicaine et en Jamaïque, Transat a été capable de s’adapter à un marché en constante évolution dans un environnement toujours plus compétitif.
2016-2017 sont des années pivot pour la réalisation de la transformation de la compagnie. Coté distribution, Transat joue aussi bien sur les réseaux physiques que virtuels avec d’une part airtransat.com et ses applications mobiles que d’autre part avec son réseau d’agences dont 465 au Canada.
Dans le secteur de l’hôtellerie, la volonté de la direction de Transat est de devenir un hôtelier à part entière. Après dix ans d’association avec H10 dans la chaîne Ocean Hotels, Transat veut grandir dans le secteur du tout inclut en développant une chaine propre au Mexique et aux Caraïbes
La vente de Transat France, la cession de sa participation dans les Hôtels Oceans et la vente projetée de Jonview d’ici la fin de l’année donnent à Transat les moyens de ses ambitions appuya Jean-Marc Eustache :
‘Transat vise posséder 5000 chambres d’hôtels d’ici 2025…Au début, Transat achètera des hôtels existants qui sont mis à niveau puis des terrains pour y construire des hôtels neufs’.
Du côté aérien, Air Transat fait face à une compétition accrue sur tous ses marchés avec le lancement de Rouge d’Air Canada et les intentions de WestJet de se lancer sur l’Atlantique-nord avec l’acquisition de bi réactés à fuselage large et long courrier Boeing 787. Cette nouvelle réalité justifie selon la haute direction l’exploitation d’une flotte exclusivement constituée de jets de l’avionneur européen Airbus afin de manière à accroitre l’efficacité et simplifier les opérations.
Ainsi comme le rappela, monsieur Eustache, en juillet dernier, Air Transat annonça la location de dix biréactés monocouloir Airbus A321neoLR, LR pour Long Range, auprès du loueur de Dublin, en Irlande, AerCap qui entreront en service du printemps 2019 à l’automne 2020 et qui remplaceront les sept Airbus A310-300 actuellement en service.
La venue au sein de la flotte d’Air Transat de cette version remotorisée et modernisée d’un modèle dont l’entrée en service remonte à avril 1988 permettra de couvrir l’essentiel du réseau de Transat ‘de façon efficace et économique’ en plus de répondre aux exigences en matière de développement durable par leur consommation et émissions en gaz à effet de serre réduit. Air Transat sera d’ailleurs le tout premier transporteur nord-américain à exploiter l’Airbus A321neoLR.
Interrogé à savoir si Air Transat avait considéré le Boeing 737MAX10, lancé au Salon du Bourget en juin dernier et dont l’entrée en service est prévue pour 2020, Jean-François Lemay reconnaît que le dernier-né de l’avionneur de Seattle ne fut pas mis de côté.
Néanmoins, opter pour l’Airbus A321neoLR permettait une standardisation de la flotte et ‘une optimisation de l’utilisation de nos ressources’ selon le pdg d’Air Transat. Pour lui, cela permettra aux pilotes d’Air Transat d’effectuer un segment sur A330 puis sur A321neoLR et ainsi ‘optimiser l’utilisation de nos avions et nos pilotes’.
De plus, les passagers se retrouveront dans un environnement identique quel que soit l’avion. Pour monsieur Lemay, opter pour l’A321neoLR était ‘la chose à faire’.
Madame Annick Guérard, Chef de l’exploitation, Transat, ajouta qu’avec l’A321neoLR, Air Transat pourra aussi bien les utiliser sur les marchés de l’Europe que du Sud : ‘nous n’arrivions jamais à trouver le bon type d’appareil pour desservir l’Europe et le Sud alors avec l’arrivée notamment de l’A321neoLR, cela nous permettra d’aussi bien desservir les marchés sud que les marchés européens’. Elle conclut ‘ pour nous cela est très pratique’.
Quant aux Airbus A330, leur avenir est assuré au sein d’Air Transat car leur besoin est évident sur les gros marchés comme la liaison Montréal-Paris. Monsieur Lemay reconnut qu’éventuellement l’A330neo sera considéré mais ‘pour l’instant l’avenir est aux A330-200, à quelques A330-300 et aux A321neoLR’.
Concernant le Club Air Transat, la haute direction n’a pas l’intention d’augmenter le nombre de sièges et désire les maintenir à 12 soit deux rangées. Au lancement, il y en avait 21. Augmenter la classe Club de six sièges, signifierait le retrait de 18 sièges en classe économique mais ‘le calcul financier n’est pas encore là ’ affirma monsieur Eustache’.
Sur la question de la possibilité d’entrer sur le marché des transporteurs low-cost canadiens, monsieur Eustache rappellera qu’il n’en ait pas question. Certes Air Transat offre certains vols comme Vancouver (YVR) -Toronto (YYZ) mais essentiellement afin d’alimenter ses propres vols internationaux vers le soleil du sud ou l’Europe. De plus, les vols d’Air Transat sont, par leur nature, à pleine capacité, la plupart du temps avec un taux de remplissage de 94% en hiver et de 90% en été. Contrairement aux transporteurs Low Cost ou Ultra Low Cost, Air Transat utilise les grands aéroports et non les aéroports périphériques comme peut l’être celui d’Hamilton (YNH) pour la clientèle de Toronto (YYZ) et offre des vols directs du genre Montréal – Toulouse Nice Lyon car les passagers de vols de loisirs apprécient les vols directs.
Afin d’assurer la flexibilité de sa flotte d’aéronefs, Air Transat a signé un accord avec Thomas Cook pour échanger des appareils de façon de respecter les besoins saisonniers respectifs du transporteur québécois et lui donner de la flexibilité dans le nombre d’avions en service. Par cette entente, Thomas Cook aura accès, durant la saison hivernale, aux A321neoLR d’Air Transat et le transporteur québécois, à au moins un A330 de l’opérateur britannique.
Air Transat dessert principalement l’Europe en été puis les destinations soleil en hiver, une situation assez rare dans l’industrie et complexe à gérer.
Aux dires de monsieur Eustache, ‘Air Transat tient à maintenir le service, le confort et les prix auxquels sont habitués ses clients depuis trente ans et ainsi conserver le titre de meilleure compagnie aérienne vacances en Amérique du nord décerné par Skytrax depuis six ans’
Sur la question de la nouvelle livrée de la flotte qui sera dévoilée plus tard en début de soirée, à 18h45, monsieur Eustache déclara qu’elle reflète la récente évolution de l’image de marque de Transat tout en demeurant fidèle à son essence et à sa promesse ‘d’ensoleiller le quotidien par la joie des vacances’.
Avions | En service | Commandes | Passagers | Notes | |||
C | Y | Total | |||||
Airbus A310-300 | 7 | — | 12 | 250 | Seront remplacés par des A321neo LR | ||
Airbus A321neoLR | 10 | 200 | Loués auprès d’AerCap à partir du printemps 2019
Remplaceront les A310-300
|
||||
Airbus A330-200 | 12 | — | 12 | 333 | 345 | ||
Airbus A330-300 | 4 | — | 12 | 334 | 346 | ||
12 | 363 | 375 | |||||
Boeing 737-700 | 1 | — | – | 148 | 148 | Loué auprès d’ASL Airlines France | |
Boeing
737-800 |
8 | — | – | 189 | 189 | Loués auprès de CIT, AerCap, ILFC, Travel Service. | |
Total | 35 | 10 |
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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