Christophe Guy, ce Français d’origine, n’a que de bons mots pour le milieu de la recherche au Québec et au Canada. « Je ne mènerais probablement pas une aussi belle carrière scientifique et administrative si je n’avais pas choisi de m’installer à Montréal », croit celui qui a été nommé au mois d’août dernier vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’Université Concordia. « Nous avons un système universitaire qui permet de former de façon équilibrée des chercheurs et des citoyens par la science, mentionne-t-il. Nous avons également un beau réseau de centres de recherche, innovateur et avant-gardiste. » L’ingénieur de formation avoue avoir eu beaucoup de chance de venir faire sa maîtrise en génie chimique au Québec. Son directeur, Pierre Carreau, l’a choisi comme étudiant sans l’avoir vu. « Et nous étions en pleine grève des postes à l’époque, se souvient Christophe Guy. J’ai eu de la veine que ma candidature arrive à temps! »
Après sa maîtrise à Polytechnique Montréal, le futur chercheur a poursuivi ses études au doctorat. Il est ensuite retourné en France pour faire deux postdoctorats, l’un au Centre de recherche de Gaz de France et l’autre à l’Institut français du pétrole. Fort de cette expérience, il est revenu à Montréal, où Polytechnique l’attendait avec un poste de professeur. Il restera fidèle à cet établissement, où il grimpera les échelons administratifs, pendant 27 ans! Christophe Guy a en effet rapidement été nommé directeur du Département de génie chimique, fonction qu’il a conservée pendant deux mandats de trois ans. Il a ensuite occupé le poste de directeur de la recherche et de l’innovation pendant six ans, pour finalement accéder à la plus haute marche de l’établissement, en devenant directeur général de 2007 à 2017. Selon ses pairs, Christophe Guy a propulsé Polytechnique Montréal dans le cercle des grandes écoles de génie de la planète. Il a notamment encouragé les partenariats en recherche avec des organismes publics et privés pour répondre aux besoins de la société. Sous sa gouverne, l’établissement a doublé son volume de financement de la recherche, notamment avec l’obtention d’une chaire d’excellence du Canada dans le domaine de la recherche opérationnelle et de la science des données. Récemment, en 2016, Christophe Guy a aidé Polytechnique Montréal à remporter une subvention substantielle au concours national du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada pour le projet de l’Institut TransMedtech, qui catalysera les technologies médicales de l’avenir.
Parallèlement, son esprit visionnaire l’a poussé à cofonder le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), qui fête cette année son 15e anniversaire et qui constitue l’un des premiers regroupements de recherche universités-industries au Québec. L’ingénieur a ensuite participé à mobiliser les chercheurs et partenaires du Canada pour la création du Consortium en aérospatiale pour la recherche et l’innovation au Canada (CARIC). Il siège toujours comme vice-président du conseil d’administration et comme membre du comité directeur des deux organismes. Christophe Guy a également contribué à la mise sur pied des organismes PROMPT, qui soutient les partenariats et le financement dans le secteur des technologies de l’information, NanoQuebec, qui renforce l’innovation en nanotechnologies, et MEDTEQ, qui accélère le développement de technologies médicales. Ce consortium a d’ailleurs connu une croissance phénoménale, passant de 20 à 110 membres en moins de 4 ans. M. Guy a aussi soutenu le démarrage et le développement de plusieurs entreprises québécoises dérivées de la recherche universitaire. Il a lui-même à son actif huit brevets.
À travers ses multiples réalisations, le professeur Guy a continuellement eu à cœur d’intéresser les jeunes, et particulièrement les filles, à la profession d’ingénieur. À l’automne 2016, sous sa direction, Polytechnique a enregistré une fréquentation historique de 26,9 % de femmes. En comparaison, il y a en moyenne 14-15 % d’étudiantes inscrites au baccalauréat en génie dans les universités canadiennes.
En tant que chercheur, il a toujours impliqué ses étudiants dans ses projets. Par exemple, ses travaux sur le traitement thermique des déchets et des effluents industriels ont conduit à la mise au point de trois technologies originales qui ont fait l’objet de demandes de brevets sur lesquelles figure le nom de plusieurs étudiants. Christophe Guy a également cofondé en 1998 l’entreprise Odotech, avec le concours de la société de valorisation de Polytechnique et de l’un de ses anciens étudiants, Thierry Pagé, qui en a été le premier président-directeur général. « Odotech se spécialise dans la mesure des odeurs, la quantification de leurs effets et la mise en place de solutions d’atténuation, explique le professeur Guy. Nous avons été les premiers à développer et à commercialiser des nez électroniques, soit des capteurs calibrés pour mesurer l’intensité des odeurs autour des sources d’émission. » L’entreprise, qui a son siège à Montréal et détient des filiales française et chilienne, a d’ailleurs été classée parmi les 15 meilleures sociétés de technologies vertes du Canada et de la France en 2010.
L’influence de Christophe Guy sur la promotion et l’administration de la recherche a été reconnue à maintes reprises. « En tant que Québécois d’adoption, j’ai été particulièrement honoré d’être nommé officier de l’Ordre national du Québec en 2011 et membre de l’Ordre du Canada en 2014 », révèle l’ingénieur. Sa récente nomination à l’Université Concordia lui permettra de continuer à exprimer sa vision d’innovation, de partenariat, d’entrepreneuriat, de formation de chercheurs et d’enseignement par la recherche. « La recherche a bien évolué depuis le début de ma carrière, révèle le vice-recteur Guy. À Concordia, je compte promouvoir la recherche transdisciplinaire pour faire intervenir différents spécialistes en ce qui concerne les besoins et les défis de la société. »
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