MONTRÉAL – Nombre de mots : 744 – Temps de lecture : 4 minutes. Ainsi le sort en est jeté pour ceux qui rêvaient d’une alliance transatlantique dans le domaine ferroviaire par laquelle Bombardier Transport se serait fondu avec la française Alsthom ou l’allemande Siemens.
Mais Bombardier Transport a été sacrifié sur l’autel de la grande Europe pour laquelle le nouveau président de la France, Emmanuel Macron, est un partisan convaincu encouragé en ce sens par ses proches conseillers. Les gouvernements français et allemand ont préféré unir leurs champions du rail pour constituer un ‘Airbus du rail’.
D’ailleurs la France, le lendemain, dans le but de constituer un ‘Airbus des navires de guerre’ livrait ses grands chantiers navals STX de Saint-Nazaire à l’italienne Fincantieri.
Mais personne au Québec ne semble en tenir rigueur à la France de laisser ainsi Bombardier Transport seul face au géant chinois CRRC, plus de deux fois plus gros que lui.
Lâché par l’Europe du côté ferroviaire et attaqué du côté aviation commerciale par Boeing, il faudrait bien un plan B pour Bombardier.
Un plan B comme Boeing pourrait être envisagé.
En tout premier lieu, une fusion Boeing – Bombardier Avions commerciaux, mettrait fin au litige commercial devant l’US Department of Commerce et même à celui entre Embraer et l’avionneur québécois devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou World Trade Organization (WTO).
En second lieu, pour Boeing qui est à la recherche d’entreprises à acquérir, le rachat de la division Avions commerciaux de Bombardier permettrait au géant de Seattle d’offrir une gamme complète d’aéronefs aux transporteurs aériens du Bombardier Q400 de 72 places au Boeing 747-8I de 410 places. Certains se souviendront que Boeing, dans le but d’offrir aux transporteurs aériens, une gamme complète d‘avions de transport civil, avait acquis De Havilland en 1986. Le géant américain s’en départira en 1992 au profit de Bombardier après que l’avionneur américain ait dépensé 400 millions de dollars pour remettre à niveau des installations vétustes et affronté l’hostilité d’un syndicat aux motivations un peu trop politiques.
Les méga transactions ont repris dans le secteur aérospatial. Il y eut en juin 2017, le rachat de l’équipementier Zodiac Aerospace par Safran puis, en septembre, celui du numéro un de l’avionique Rockwell Collins par le conglomérat UTC après que Rockwell Collins ait absorbé, en avril 2017, le spécialiste des intérieurs de cabines B/E Aerospace et, à la mi-septembre 2017, l’annonce du rachat d’Orbital ATK par l’avionneur et électronicien NorthropGrumman. Lors du dernier Salon du Bourget, en juin 2017, Boeing annonçait son intention de devenir un géant dans le secteur de la maintenance et vouloir y atteindre des ventes annuelles de 50 milliards de dollars. Dans une telle fusion, Bombardier s’assurerait ainsi du poids de Boeing et de la synergie des équipes de ventes.
En troisième lieu, la division Aérostructures de Bombardier pourrait hériter de contrats de fabrications de structures des avions de ligne de Boeing, l’avionneur américain s’efforçant de ramener à l’interne des productions jusqu’alors confiées à des tiers.
En quatrième lieu, Bombardier dans une telle association se verrait confier la conception et la construction des avions de 70 à 150 places. Boeing étudie depuis des années dans le cadre du programme ‘Yellowstone’ un remplaçant tout à fait révolutionnaire du 737 dont la concrétisation a été remise à cause des dépassements de coûts du 787 Dreamliner que l’avionneur américain doit absorber. N’eut été le lancement de l’Airbus A320neo rendu possible grâce au moteur Pure Power de Pratt & Whitney dont le CSeries aura été le premier client, Boeing n’avait pas l’intention de lancer le 737MAX, une version remotorisée avec le CFM Leap56 et modernisée du 737 NextGen préférant développer le ‘Yellowstone’. Couvrir le marché de 100 à 210 places de façon efficace semble toujours difficile avec un seul modèle de monocouloir. Boeing viserait ainsi le marché de 150 à 210 places avec le successeur de son ‘Little Giant’, le 737.
En cinquième lieu, le gouvernement fédéral canadien de Justin Trudeau pourrait en toute quiétude et légitimité se procurer les fameux 18 Boeing F-18E/F Super Hornet et meme octroyer le contrat entier de renouvellement des vieux CF-18 à Boeing et ainsi remplir sa promesse électorale du 20 septembre 2015 faite à Halifax, en Nouvelle-Écosse, de ne pas équiper l’Aviation royale canadienne avec le Lockheed Martin F-35 Lightning II.
Quant à Bombardier Transport, à défaut de se jeter dans les bras des Chinois, pourquoi ne pas se tourner vers Elon Musk et son projet HyperLoop.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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