MONTRÉAL – Nombre de mots: 2239. Temps de lecture: 9 minutes. Par voie d’un communiqué de presse diffusé en début d’après-midi, le 15 août dernier, la General Aviation Manufacturers Association ou GAMA de Washington rendait public, les chiffres des livraisons d’avions d’affaires et d’aéronefs d’aviation générale pour le second trimestre 2017 et le premier semestre 2017.
Une hausse marquée des livraisons et de la facturation se dégage du 1er trimestre au 2ième trimestre 2017. Ainsi les livraisons sont passées de 434 à 561 aéronefs dont respectivement 332 et 427 avions à turbine, d’une valeur respective de $3,709 à $5,311 milliards de dollars américains, des hausses de 29,2% et 43,1%. Rien d’étonnant ici car le deuxième trimestre de chaque année est traditionnement marqué par une hausse substantiele des livraisons par rapport au premier.
Livraisons en unités
(Source GAMA) |
1er semestre 2017 | 1er semestre 2016 | 1er semestre 2008 |
Pistons | Â 468Â (+5,6%) | Â 443 | 1034 |
Mono et multi moteur à turbines |  232 (-0,9%)
|
 234 |  221 |
Jets d’affaires |  295 (+1,0%) |  292 |  663 |
Total des livraisons | Â 995 Â (+2,7%) | Â 969 | 1918 |
Valeur des livraisons (en milliards de $US) | Â $9,0 Â (-3,4%) | $ 9,4 | $11,9 ($2008)
$13,6 ($2017) |
Par contre, les choses se corsent en comparant les chiffres du 1er semestre 2017 avec ceux de la même période en 2016, certes, une légère augmentation se révèle en termes d’unités livrées, 995 en 2017 contre 969 en 2016 mais un net recul de leur valeur se manifeste celle-ci glissant de $9,465 à $9,020 milliards de dollars américains, une baisse de 4,7%.
Dèja en comparant les premiers semestres 2015 et 2016, un recul aussi bien des livraisons avec une baisse de 4,5% et de la facturation avec un repli de 10,6% se révélait.
Depuis 2014 qui avait representé un sommet des livraisons depuis la chute de Lehman Brothers en octobre 2008, l’embellie semble chose du passé avec un repli de la facturation des livraisons d’avions d’affaires neufs aussi en dollars courants, -17,3%, qu’en dollars constants, 20,1%.
Au premier semestre 2008, les ventes d’avions d’affaires avaient atteint $11,988 milliards de dollars ($13,626 milliards en dollars 2017) pour ensuite toucher un creux au premier semestre 2011 avec $7,240 milliards ($7,787 milliards en dollars 2017).
Ventes d’aéronefs d’affaires en milliards de dollars américains au 1er semestre
(Source GAMA) |
En dollars courants | En dollars constants 2017. |
2017 | $9,020 | $9,020 |
2016 | $9,302 | $9,487 |
2015 | $10,407 | $10,748 |
2014 | $10,905 | $11,275 |
2013 | $10,421 | $10,950 |
2012 | $Â 8,240 | $ Â 8,678 |
2011 | $Â 7,240 | $Â 7,787 |
2010 | $Â 9.404 | $10,395 |
2009 | $Â 9,483 | $10,820 |
2008 | $11,988 | $13,626 |
Ainsi, au 1er semestre 2008, l’année de tous les records, 1918 aéronefs dont 663 jets et 221 turboprops d’une valeur totale de $11,9 milliards seront livrés soit $13,2 milliards en dollars courants.
Tout comme au premier semestre 2016, l’avionneur Gulfstream de Savannah en Georgie se maintient, en tête de la facturation avec 60 jets d’affaires d’une valeur de $3,289 milliard contre $3,273 milliards et 61 livraisons, un an auparavant. Il est suivi par Bombardier de ville Saint-Laurent en fort recul, encore une fois, avec $2,473 milliards et 65 livraisons contre $2,805 milliard et 73 livraisons à la même période de 2016. En troisième position, Textron Aviation de Wichita, au Kansas procéda à 246 livraisons d’une valeur de $1,217 milliards contre $1,286 milliards et 244 livraisons. Au quatrième rang, Dassault Aviation de Mérignac a effectué une remontée avec 17 livraisons d’une valeur de $795 millions contre $656 millions et 15 livraisons. Embraer de Sao José de Campos ferma la marche avec 39 livraisons d’une valeur de $484 millions contre $604 millions et 49 livraisons.
Livraisons en unités et
en valeur d’aéronefs d’affaires turbopropulsés et jets (Source GAMA) |
1er semestre 2017 | 1er semestre 2016 |
Bombardier | 65
$2,473,560,707 |
73
$2,805,000,000 |
Dassault | 17
$795,000,000 |
15
$656,350,000 |
Embraer | 39
$484,695,000 |
49
$604,084,000 |
Gulfstream | 60
$3,289,550,00 |
61
$3,273,600,00 |
Textron Aviation | ||
                 Beechcraft | 31
$218,214,688 |
49
$339,215,938 |
                 Cessna | 103
$999,051,200 |
111
$947,519,500 |
133
$1,217,265,888 |
160
$1,286,735,438 |
Au chapitre des livraisons d’avions d’affaires à turbine, sans surprise, Textron Aviation qui chapeaute Cessna Aircaft et Beechcraft, toujours champion du volume année après année, est en tête encore une fois au 1er semestre 2017, avec 133 livraisons (103 Cessna et 31 Beechcraft), suivi par Bombardier, 65, Gulfstream, 60, Embraer, 39 et Dassault, 17. Au 1er semestre 2014, Textron Aviation livra 169 aéronefs (113 Cessna et 56 Beechcraft), Bombardier, 92, Gulfstream, 73, Embraer, 45, et Dasssault, 18.
Le premier semestre 2017 s’aligne sur les premiers semestres 2015 et 2016 qui avaient marqué une rupture alors que depuis quelques semestres, l’embellie se manisfestait dans le secteur de la construction d’avions d’affaires neuf. Il faut reconnaître que cette embellie était le fait de la montée en force des avions à fuselage large et long et très long rayon d’action au prix unitaire supérieur à 30 millions de dollars américains qui contrebalancait l’effondrement des ventes de jets légers et moyens.
Au premier semestre 2017, les livraisons de turbopropulsés ont fléchi très légérement passant de 234 à 232 aéronefs. Seules les livraisons de TBM de Daher de Tarbes, en France se sont accélérées passant de 18 à 23 unités, suite au passage du TBM900 au TBM930 et à l’introduction du TBM910 et celles de Piper Aircraft, de Vero Beach, en Floride et propriété du Ministère des finances de Brunei, se hissant de 8 à 19 aéronefs avec l’entrée en service du M600. De leur côté, celles de Beechcraft King Air C90GTx ont reculé de 5 unités, celles du King Air 350i de 12, celles des Cessna Caravan 675 et Grand Caravan/EX de 10 et finalement, celles des PC-12 de Pilatus de Stans, en Suisse, de 7 unités.
Pour leur part, les livraisons de jets d’affaires légers ont, en terme d’unités, augmentées de 8 unités pour atteindre 108. Cirrus Aircraft de Duluth, au Minnesota, propriété de China Aviation Industry General Aircraft (CAIGA), une des sociétés de la chinoise Aviation Industry Corporation of China (AVIC), a livré ses tout-premiers monoréactés de sept places, SF50. Les livraisons du tout nouveau HondaJet HA-420 sont passées de 10 à 24, celles du Learjet 70/75 de 6 à 8 et celles du Cessna Citation Mustang de 3 à 7 et du Citation CJ3+ de 10 à 11. Les livraisons de l’Eclipse 550 se sont maintenues à 4 unités tandis que les livraisons de plusieurs modèles se sont repliées : celles des Cessna Citation M2 de 17 à 15 unités, celles du Citation CJ4 de 15 à 10, celles des Embraer Phenom 100 de 9 à 7 et celles du Phenom 300 de 26 à 20.
Pour leur part, les livraisons de jets moyens ont légèrement fléchies passant de 38 à 35 unités. Les livraisons de Cessna Citation XLS+, de Citation Sovereign+, de Gulfstream 150 et Gulfstream 280 construits en Israël par IAI et d’Embraer 500 se sont repliées respectivement de 6, 3, 1 et 4 unités. Seul l’Embraer 450 dont la mise en service est récente a vu ses livraisons grimper de 4 unités.
De leur côté, les livraisons de SuperMidSize se sont elles-aussi repliées légèrement passant de 49 à 47 aéronefs en dépit de la montée en puissance du tout nouveau Cessna Citation Latitude dont les livraisons sont passées de 16 à 23. Les livraisons du Challenger 350 ont fortement fléchi glissant de 30 à 21 unitès alors que celles du jet d’affaires le plus rapide sur le marché, le Cessna Citation X+ se sont maintenues à 3 unités.
La santé du créneau des business jets à cabine large à long et très long rayon d’action qui avait sauvé le secteur de la construction d’aéronefs d’affaires depuis la crise de 2008, ne s’améliore pas.
Après être passées du 1er semestre 2014 au 1er semestre 2015 de 143 à 126, les livraisons au 1er semestre 2017 se sont établies à 102, un repli de 2 unités.
Les derniers chiffres ne sont franchement pas reluisants surtout en tenant compte qu’il s’agit d’aéronefs commandant un prix supérieur à $28 à 68  millions de dollars américains contre de $ 3,3 à 14 millions de dollars américains pour un jet d’affaires léger, de 14 à 20 pour un jet d’affaires moyen et $ 20 à 25 pour un SuperMidSize.
Les mises en service de gros bizjets de Bombardier ont reculé d’une unité. Les livraisons des Challenger 605 se sont hissées de 9 à 12, celles des CL850/870/890 d’une unité tandis que celles des Global 5000 et 6000 ont chuté de 28 à 23 unités. Les livraisons d’Embraer à large fuselage ont aussi marqué le pas glissant de 6 à 3. Celles des Dassault Falcon ont pris du mieux en passsant de 15 à 17 encore loin des 25 Falcon livrés au premier semestre 2014. Gulfstream Aerospace a vu ses livraisons se maintenir à 46 contre, il faut le souligner, 59 pour la même période de 2014.
Livraisons par modèles (Source GAMA) | 1er semestre 2017 | 1er semestre 2016 |
Turboprops | ||
Daher TBM900/910 | 9 | 5 |
Daher TBM930 | 14 | 13 |
King Air C90GTx | 4 | 9 |
King Air B250 | 12 | 13 |
King Air 350i | 15 | 27 |
208 Caravan 675 | 4 | 7 |
208B Grand Caravan/EX | 18 | 25 |
Pilatus PC-12 | 31 | 38 |
Piper PA-46-500TP Meridian M500 | 4 | 8 |
Piper PA-46-600TP Meridian M600 | 15 | – |
Total: | 126 | 145 |
 |  | |
Jets | Â | |
Avions légers |  | |
Learjet 70/75 | 8 | 6 |
Cessna Mustang | 7 | 3 |
Cessna Citation M2 | 15 | 17 |
Cessna Citation CJ3/CJ3+ | 11 | 10 |
Cessna Citation CJ4 | 10 | 15 |
Cirrus SF50 | 2 | 0 |
Eclipse 550 | 4 | 4 |
Embraer Phenom 100/100E | 7 | 9 |
Embraer Phenom 300 | 20 | 26 |
HondaJet HA-420 | 24 | 10 |
Total: | 108 | 100 |
 |  | |
Avions moyens | Â | |
Citation XLS+ | 6 | 12 |
Citation Sovereign+ | 6 | 3 |
Gulfstream 150/280 | 14 | 15 |
Learjet 60 | 0 | 0 |
Legacy Legacy 450 | 5 | 0 |
Legacy Legacy 500 | 4 | 8 |
Total: | 35 | 38 |
 | ||
Super Midsize | Â | |
Challenger 350 | 21 | 30 |
Citation Latitude | 23 | 16 |
Citation X+ | 3 | 3 |
Total: | 47 | 49 |
 | ||
Avions à large cabine |  | |
Challenger 605 | 12 | 9 |
Global 5000 / 6000 | 23 | 28 |
CL850/870/890 | 1 | 0 |
900LX/2000S/2000LXS/7X/8X | 17 | 15 |
Legacy 600/650 | 2 | 6 |
Lineage 1000 | 1 | 0 |
Shuttles (ERJ/EJets) | 0 | 0 |
Gulfstream 450/550/650/650ER | 46 | 46 |
Total: | 102 | 104 |
 | ||
Bizliners | Â | |
Airbus ACJ318-319-320-321 | 0 | 0 |
ACJ330 | 0 | 0 |
Boeing BBJ1/BBJ2/BBJ3 | 0 | 1 |
787-8 | 1 | 0 |
787-9 | 1 | 0 |
777-300ER | 1 | 0 |
747-8 | 0 | 0 |
Total: | 3 | 1 |
Lors du 1er semestre 2008, 154 jets d’affaires à cabine large furent livrés et, en dépit, de la crise financière qui éclata en octobre 2008 suite la faillite de Lehman Brothers, le sommet fut atteint en 2010 avec 168 livraisons ce qui compensa pour la chute vertigineuse des ventes de jets légers et moyens. Après un creux en 2011 avec seulement 99 livraisons, le créneau des jets à cabine large et long et très long rayon d’action reprit du mieux jusqu’en 2014 avec 143 unités livrées sous l’impulsion des ventes dans les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Les difficultés économiques au Brésil et le ralentissement de l’économie en Chine doublé d’un recul de la bourse dans l’Empire du milieu ainsi que la baisse du cours du pétrole qui constitue l’essentiel des exportations de la Russie accompagnée d’une chute de moitié de la valeur du Rouble sont responsables de la mévente des plus gros et plus chers bizjets.
Cessna avec sa gamme Citation s’en est le mieux sorti grace à la montée en puissance des livraisons du Latitude qui se sont propulsées de 16 à 23 unités, une hausse de 43,7%. Les livraisons de jets d’affaires de l’avionneur de Wichita sont passées de 79 au premier trimestre 2016 à 81 pour la période corrsspondante en 2017. À l’opposé, les ventes de l’Embraer Legacy 450 ont chuté de 50% de 8 à 4 unités conséquence selon les responsables du constructur brésilien, d’une dure concurrence qui se traduit par de fortes pressions sur les prix.
Sur le créneau des turbopropulsés, Textron Aviation a subi un fort repli de ses livraisons de King Air C90GTx et 350i qui sont passées de 49 à 31 unités, un plongeon de 36,7% suite à l’arrêt de l’octroi de généreux rabais aux acheteurs. Piper Aircraft a vu son M600 dont les livraisons ont commencées à la mi-2016, cannabaliser les ventes du M500 dont seulement quatre aéronefs furent livrés au premier semestre 2017, une chute de 50%.
La baisse de la valeur des livraisons au premier semestre 2017 est causée par un déplacement des livraisons de jets d’affaires à cabine large vers des aéronefs de plus petits gabarit. Le créneau des jets d’affaires légers est porté par le début des livraisons du HondaJet HA-420 et du Cirrus SF-50 dont le carnet de commandes est fort de plus de 600 aéronefs. Nul besoin de répeter qu’il faut la livraison de plusieurs jets légers pour compenser pour la perte d’un seul bizjet haut gamme.
Le marché de la construction d’avions d’affaires se recentre sur les marchés nord-américain et ouest-européen, ses marchés naturels. Si les hauts cours du pétrole, un fort rouble et des économies en pleine forme dans les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ont sauvé le marché de la construction des aéronefs d’affaires par son appetit pour les jets d’affaires haut de gamme après la chute de Lehman Borthers et la crise financière qui s’en suivit à partir de 2008, il ne faut plus y compter, au moins à court terme, pour relancer les ventes.
Néanmoins, le veillissement des flottes nord-américaine et ouest-européenne et l’entrée en service prochaine de nouveaux modèles comme le Pilatus PC-24, le Cessna Citation Longitude, le Dassault Falcon 5X et les Gulfstream G500 et G600 redonneront une certaine vigueur à ce marché.
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