Par Philippe Cauchi
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Salon du Bourget – En ce mercredi matin, le scénario se répéta alors qu’un violent orage frappa la région du Bourget ce qui immobilisa toutes les personnes présentes au Salon de 7h30 à 8h30.
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Bien que les journées dites ‘professionnelles’ du Salon du Bourget soient passées de sept a quatre depuis 1993, année de ma première présence, l’activité et la fébrilité ont baissé sensiblement en cette troisième et avant-dernière dédiée aux professionnels.Â
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En cette matinée, Joe Ozimek, vice-président, marketing au sein du Boeing Commercial Airplane Group, donna un briefing au chalet de presse du constructeur sur le Boeing 737 MAX. Cet élégant ingénieur aérodynamicien de formation, au sommet du crane dégarni, aux lunettes rondes dorées, dans la fin cinquantaine, costume bleu rayé, chemise blanche et cravate rouge donna une des présentations les plus convaincantes à laquelle j’ai eu la chance d’assister dans ma carrière. Il se consacra à démonter les allégations d’Airbus quant aux avantages en terme de consommation de l’A320NEO sur le Boeing 737MAX en démontra que le Boeing 737 MAX consommera 8% de moins que son concurrent européen. Monsieur Ozimek annonça aussi que l’entrée en service de la quatrième génération du ‘Little Giant’ de Boeing, sera avancée de six mois et aura lieu au premier trimestre 2017 et non plus au quatrième. Le transporteur à bas cout américain Southwest Airlines, le plus important utilisateur de 737 au monde, recevra le premier 737MAX.
Fort des rapports de consommation de carburant émis par l’US Department of Transportation, Joe Ozimek réfuta les prétentions d’Airbus et, du même coup, démontra les qualités des ‘split winglets’ uniques au 737MAX. Il rappellera que le 737MAX arborera une planche de bord équipée de larges écrans à l’instar du 787
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Depuis son vol inaugural en 9 avril 1967, le Boeing 737 a été construit a plus de 7800 exemplaires et a enregistré plus de 11000 commandes.
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Du coté des commandes, Boeing enregistra en cette troisième journée du Salon, 30 commandes de 737MAX provenant du loueur CIT Aerospace d’une valeur catalogue de 3 milliards de dollars, cinq 737MAX d’Oman Air et trois 737MAX de Travel Air services, un petit transporteur basé a Prague, client exclusif de Boeing.
Le ‘Happening’ de la journée fut la première visite au Salon du Bourget du coloré président de la ‘Low Cost’ irlandaise Ryanair, Michael O’Leary. Pour l’occasion, il fut invité par Ray Conner, président du Boeing Commercial Airplane Group, à s’adresser à la presse au chalet Boeing immédaitement après la présentation de Joe Osimek. Les deux hommes rendirent public la conclusion d’une entente portant sur la commande de 175 737-800. Michael O’leary justifia le choix du 737-800 au détriment de l’A320 par la présence de neuf sièges supplémentaires en configuration unique et pour son économie de carburant.
Ryanair devrait d’ici la fin de l’année, passer commande de 200 737-8MAX.
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Mais cela serait bien mal connaître Airbus si le constructeur européen n’allait revenir avec un lot de commandes sorti de son sac.
Le constructeur européen allait ainsi ajouter 59 avions au carnet de commandes de l’A350.
Singapore Airlines passait commande de 30 A350-900 ainsi que de 20 options pour soit des -900 ou -1000. Ce transporteur asiatique avait déjà opté antérieurement pour 20 A530.
Air France-KLM officialisait la commande annoncée précédemment portant sur 25 A350 tandis que SriLankian Airlines se portait acquéreur de quatre A350 et six A330.
Finalement, l’américaine United Airlines convertissait sa commande de 25A350-900 en une de 35 A350-1000.
Dans le domaine des monocouloirs, Airbus allait ajouter une commande de 40 A320NEO et 20 A320 du loueur Hong Kong Aviation Capital (HKAC), de 20 A321 assortis de la conversion d’une commande de 10 A320 pour un nombre égal de A321 par la ‘Low Cost’ américaine Spirit Airlines.
Au final, Airbus engrangea 241 commandes fermes au montant de 39,3 milliards de dollars américains et des 225 options valant 29.4 milliards de dollars pour un total de 466 pour 68,7 milliards.
Pour sa part Boeing enregistra un grand total de 285 commandes fermes, 167 options pour un total de 442 d’une valeur de 66 milliards de dollars.
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En dépit d’une présence discrète, LockheedMartin donna trois briefings de presse dont un couvrant le F-35.
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Steve O’Bryan, vice président du programme F-35 affirma que sa société était en pourparlers avec le Pentagon pour l’achat de deux lots annuels totalisant 70 F-35 supplémentaires accompagné d’une importante réduction de cout. Dans le passé, chaque lot portait sur 29 appareils.
Dès la huitième année, la production atteindra 60 F-35 avec les premières livraisons à la Norvège, à l’Italie, à Israël et au Japon.
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A son avis, la production passera rapidement de 35 actuellement à 100 en 2020. Par le jeu des économies d’échelle, le cout unitaire de chaque chasseur devrait passer de 120 millions de dollars actuellement à 85 millions.
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Monsieur O’Bryan rappela que le gouvernement norvégien avait confirmé son intention d’acquérir jusqu’à 48 F-35 en plus des quatre destinés à l’entrainement des équipages et que le Royaume-Uni avait pris livraison de trois F-35B utilisé pour la formation des pilotes aux Etats-Unis et devrait passer commande de 14 aéronefs supplémentaires.
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En juillet prochain, les premiers éléments de F-35 seront assemblés dans l’usine d’assemblage final sise sur la base de Cameri en Italie.
Le F-35 est en compétition face à l’Eurofighter et au Boeing F-15 pour la fourniture de 60 avions de combat a la Corée. Le constructeur de Fort Worth au Texas a proposé le F-35 aux autorités de Singapour a la recherche d’un avion de combat monomoteur.
Quelques jours auparavant, le Secrétaire américain a l’Armée de l’air, Michael Donley fermait toute possibilité de relance de la production du F-22 Raptor, confortant ainsi le soutien de son arme dans le F-35.
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Quand il fut lancé en 2008, le MRJ ou Mitsubishi Regional Jet devait entrer en service en 2013 et être le seul à ce moment d’être équipé d’un moteur de nouvelle génération, le Pratt & Whitney Pure Power PW1200G.
Cinq ans plus tard, après de retards et des refontes, l’assemblage du premier exemplaire du Mitsubishi Regional Jet devrait s’amorcer en automne pour un vol inaugural avant la fin de l’année soit avec plus d’un an de retard. Quant à son entrée en service, elle n’interviendra au mieux pas avant la mi-2015 ou au pire au premier trimestre 2016. Suite a ces retards, le MRJ doit maintenant affronter l’Embraer E-Jet 2 qui certes ne sera en service commercial qu’en 2018.
Déclinée en deux versions, le MRJ70 de 70 places et le MRJ90 de 90 places, la famille MRJ pourrait voir s’y ajouter le MRJ100 de 100 places suites aux demandes de transporteurs.
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Mitsubishi prévoit un marché de 5000 avions de 70 à 90 places durant les vingt prochaines années et désire s’emparer de la moitié de celui-ci.
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Le carnet de commande du MRJ, constitué uniquement de MRJ90, est toujours de 165 avions accompagnés de 160 options avec transporteur régional américain SkyWest avec ses 100 commandes fermes et autant d’options du transporteur régional américain SkyWest, 50 commandes et optant d’options de l’américaine Trans States Holding et finalement 15 commandes et 10 options d’All Nippon Airlines.
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Le constructeur nippon profita du Salon pour dévoiler une maquette grandeur nature de la cabine équipée d’une avionique ProLine Fusion de Rockwell et des sièges de Zodiac Seats California.
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En ce mercredi, l’actualité devenant moins dense, il est temps de traiter du programme des vols de démonstrations. Ainsi tous les jours de Salon, les démonstrations en vol s’amorcent vers 13h15 pour se terminer vers 16h25. C’est alors que les terrasses des chalets se remplissent et que les professionnels ou le grand public s’arrêtent, se tournent vers l’ouest et lèvent la tête pour admirer les avions et hélicoptères dont les pilotes donnent leur maximum pour rendre l’expérience aux spectateurs mémorable.
Pour cette édition, l’A400M, l’Antonov 70, le Kamov A et les Boeing 787 Dreamliner faisaient partie du programme aérien pour la première fois. Les chasseurs supersoniques Sukhoi 35 et Rafale éblouirent par leurs manœuvres de combat aérien très serrées. Les hélicoptères Tigre d’Eurocopter et Blackhawk de Sikorsky défièrent les lois du pilotage de voilures tournantes par des manœuvres à couper le souffle.
Participèrent aussi l’Airbus A380 aux couleurs British Airways puis à celles d’Airbus à partir du mercredi, le Globe Swift, l’Antonov 58, le Nala, le Starduster, l’Extra Mike, l’Xtreme et le Yak B.
L’avion d’entrainement français Fouga Magister et l’avion de lignes quadrimoteur Lockheed Super Constellation commandité par les montres Breitling ramenèrent le public dans les années 1950.
Fait rarissime, la directrice du magnifique Musée de l’Air et de l’Espace sis sur l’aéroport du Bourget, Catherine Maunory, plus jeune femme pilote de France, dix fois championne de France et deux fois championne du monde de voltige, s’exhiba lors des démonstrations en vol aux commandes d’un Extra 300.
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Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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