OTTAWA – 1030 mots – Temps de lecture : 4 minutes. En ce deuxième jour de l’édition 2017 du Salon CANSEC, Boeing Defense, Space & Security (BDS) avait prévu tenir une conférence de presse sur le coup de 10h. Lors de celle-ci, des responsables du géant aéronautique américain devaient divulguer le nom des entreprises canadiennes partenaires dans le cadre de l’acquisition potentielle de capacité provisoire en matière de chasseurs ou Interim Fighter Capability Project (IFCP). Rappelons qu’en novembre dernier, le gouvernement fédéral Libéral de Justin Trudeau annonça son intention d’acquérir dix-huit chasseurs-bombardiers Boeing F-18E/F Super Hornet comme mesure intérimaire dans l’attente d’une décision sur le choix d’un remplaçant définitif aux McDonnell Douglas F-18 Hornet livrés entre 1982 et 1989.
Mais rendus à la salle de presse, les membres de la presse furent avisés de son annulation.
Dans un court communiqué, Boeing expliqua sa décision ‘Due to the current climate, today is not the most opportune time to share this good news story,”
Du même coup, le texte du communiqué précisa que ‘The Canadian IFCP Super Hornet Team is bringing together a committed industry team with global supply chains, well established in-country presence, and complimentary capabilities, while leveraging 30+ years of legacy Classic Hornet activities in Canada’. Le communiqué justifia la démarche de Boeing auprès de l’ITC comme ‘the normal course for resolving such issues’. Il souligna enfin que ‘Boeing’s commitment to Canada has been, and remains, unwavering’.
La veille, au même Salon, lors du petit déjeuner d’ouverture, le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan demandait à Boeing de retirer sa plainte déposée à Washington auprès de International Trade Commission (ITC) de l’ U.S. Department of Commerce contre Bombardier sur des allégations de pratiques de prix déloyales lors de la commande par le transporteur américain Delta Air Lines de 75 biréactés monocouloirs de 100 à 130 places CS100 en avril 2016
Cette prise de position du ministre de la Défense faisait suite à celle du ministre des affaires extérieures Chrystia Freeland, le 18 mai dernier devant les caméras de télévision qui qualifiât le plainte devant l’ITC de ‘very clearly a protectionist effort’ afin d’écarter le CSeries du marché américain. Emanait de la ministre une menace à peine voilée: ‘It’s important for Boeing to appreciate that we will be reviewing our military procurement in light of this’.
Mais les propos tenus par le ministre Sajjan ont été encore plus loin que ceux de sa collègue, en déclarant carrément que les agissements de Boeing ne pouvaient plus être considéré comme ceux d’un ‘Trusted Partner’. Pour lui, ‘The interim fleet procurement requires a trusted industry partner’…’Our government is of the view their action against Bombardier is unfounded. It is not the behaviour we expect of a trusted partner and we call on Boeing to withdraw it’. De tels propos, émis devant un si grand auditoire de professionnels de la défense, de responsables gouvernementaux et de militaires a poussé les responsables de Boeing d’annuler la conférence de presse prévue pour jeudi matin et de se contenter d’émettre un communiqué.
Jeudi, sur le coup de midi, lors d’un diner-conférence, ce fut au tour de Steven MacKinnon, député de la circonscription de Gatineau, au Québec et Secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement de s’adresser à l’auditoire de CANSEC en remplacement de la ministre Judy M. Foote.
Le secrétaire parlementaire a amorcé son discours en rappelant les bons coups de son ministère en termes d’acquisition de matériel militaire avec en tout premier lieu le choix de l’Airbus C295 le 1er décembre dans le cadre du Projet de remplacement d’aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe (ARSVF) ou Fixed-Wing Search and Rescue Aircraft Replacement Project (FWSAR) d’une valeur de 2,4 milliards de dollars. Le premier aéronef devrait être livré en décembre 2019 et le dernier, trois ans plus tard. Sur vingt ans, la valeur de ce contrat pourrait atteindre les 4,7 milliards de dollars et les retombées industrielles du même montant.
Dans le cadre du programme projet des hélicoptères maritimes (PHM) ou Maritime Helicopter Project (MHP), onze Sikorsky CH-148 Cyclone ont déjà été livres. Il rappela que son Ministère avait octroyé des contrats d’une valeur de 120 million de dollars afin d’assurer le soutien des CC-115 Buffalos, CC-130 Hercules, CP-140 Auroras, CF-18s and CC-138 Twin Otters. Ainsi Standard Aero, Magellan et KF Aerospace créeront 200 nouveaux emplois dans les régions de Winnipeg, Mississauga ET Kelowna.
Du côté de la Garde-Côtière canadienne, le dernier des quinze hélicoptères légers Bell 429 fut livré le 3 février 2016 tandis que de celui des hélicoptères de moyen gabarit, le dernier des sept Bell 412 est entrée en service le 7 mars 2017.
Monsieur MacKinnon enchaina sur la question du remplacement des F-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne. Il réitera ‘our commitment to hold an open and transparent competition to permanently replace Canada’s fighter fleet’. Il précisa que l’appel d’offre sera rendu public en 2019 et que les caractéristiques des appareils, leur nombre, les modalités de leur soutien et la date d’entrée en service seront inclus dans l’Examen de la politique de défense qui devrait être rendue public le 7 juin prochain.
Les règles des Retombées industrielles et technologiques ou Industrial and Technological Benefits (ITB) seront appliquées afin de maximiser les occasions d’affaires pour les entreprises canadiennes, soutenir l’innovation, la recherche et le développement et stimuler les exportations canadiennes.
Le député de Gatineau rappela l’annonce de son gouvernement datant de novembre dernier concernant l’achat de dix-huit Boeing F-18 Super Hornet dans l’attente de l’entrée en service du remplaçant définitif des F-18 Hornet livrés de 1982 à 1989. Ce choix mena à une demande formelle datée du 13 mars dernier auprès de l’US Navy.
Mais monsieur MacKinnon déclara que comme annoncé par la ministre Freeland ‘in the context of Boeing’s petition against the Canadian aerospace sector, our government is reviewing current military procurement as relates to Boeing’.
En mélée de presse, monsieur MacKinnon alla plus loin avançant que Boeing ‘is not acting like a valued partner right now so we’ve suspended discussions with that partner’, des propos contredits quelques minutes plus tard par la porte-parole de la ministre Foote, Annie Trépanier.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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