MONTRÉAL – 626 mots – temps de lecture : 2minutes 30 secondes – Ainsi la polémique portant sur l’augmentation des émoluments de la haute direction du constructeur ferroviaire et aéronautique québécois Bombardier (TSE-BBD.B) a laissé place à la fièvre des séries éliminatoires du hockey de la Coupe Stanley, le Club Canadien de Montréal, s’y étant qualifié, cette année.
Pendant deux semaines, la polémique amorcée le 29 mars 2017 a fait rage aussi dans la presse, qu’à l’Assemblée nationale du Québec que dans la rue par des manifestations devant le siège social de l’entreprise, en plein cœur de Montréal, au 800, boulevard René-Lévesque ouest, le 2 et 9 avril dernier.
Puis d’un coup, le hockey, pour ne pas dire le Club Canadien qui occupe une place disproportionnée non seulement dans la presse sportive québécoise mais aussi dans la presse en générale et dans l’esprit de la majorité de la population, a totalement éclipsé la question des hausses vertigineuses de la rémunération de la haute direction de Bombardier.
Un petit tableau souligne d’un coup d’œil l’importance de ces augmentations de traitement :
Dollars américains | 2015 | 2016 | Variation |
Alain Bellemare
PDG |
$6,4M | $9,58M | +47% |
Pierre Beaudouin
Président du C.A. |
$3,8M | $5,2M
ramené à $3,8M |
+36%
0% |
John di Bert
Chef de la direction financière |
$2,9M | $4,0M | +29% |
David Coleal
Président, Avions d’affaires |
$2,9M | $4,5M | +55% |
Fred Cromer
Président, Avions commerciaux |
$3,4M | $4,5M | +36% |
Laurent Troger
Président Bombardier Transport |
$2,4M | $4,7M | +93% |
Source : Bombardier.
Il est pertinent de replacer la rémunération du pdg de Bombardier avec celles de ses pairs chez Airbus, Boeing et Lockheed Martin pour comparaison pour l’exercice 2016:
Dollars américains | Rémunération du pdg | Ventes totales | Profits nets | Valeur boursière au 2017-04-22 |
Airbus | $7,0M | $71,7B | $1,0B | $59,2B |
Boeing | $15,1M | $94,5B | $5,8B | $109B |
Bombardier | $9,58M | $16,3B | Perte de
$ 981M |
$3,7B
|
Lockheed Martin | $19,4M | $47,2B | $3,8B | $79,1B |
Source : Airbus, Boeing, Bombardier, Lockheed Martin.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Même si la rémunération d’Alain Bellemare pourrait peut-être se justifiée, vue la taille de l’entreprise, elle devient excessive par rapport aux bénéfices nets mais surtout à la capitalisation de Bombardier à la bourse de Toronto.
Mais dans un contexte où la valeur de la capitalisation de Bombardier a fondu de plus de 60% depuis seulement 2007 et compte tenu de l’importance des aides gouvernementales depuis octobre 2015 et des vagues successives de mises à pieds, une retenue dans l’augmentation de la rémunération de la haute direction aurait été de mise pour ne pas dire, plus judicieuse et morale.
Le 29 octobre 2015, le gouvernement du Québec du Libéral Philippe Couillard annonçait un investissement d’un milliard de dollars américains dans une société en commandite consacrée à la famille des biréactés commerciaux de 100 à 130 places CSeries ce qui lui assure 49,5 % du capital.
Moins d’un mois plus tard, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) rendait public le 19 novembre, sa décision d’investir un milliard et demi de dollars américains dans Bombardier Transport, en retour de 30 % des actions.
Le 7 février dernier, le gouvernement fédéral canadien du Libéral Justin Trudeau octroyait un prêt remboursable versé sur quatre ans de 372 millions de dollars canadiens afin de financer les activités de recherche et développement liées au jet d’affaires haut de gamme à cabine large et très long rayon Global 7000 et à la mise au point des avions de la CSeries.
En février 2016, Bombardier annonçait l’abolition de 7000 postes dont 40 % au Canada, majoritairement au Québec et au mois d’octobre suivant, une réduction de 7500 postes dont près de 2000 au Canada.
Dans ce contexte, il est à souhaiter pour la direction de Bombardier que le Canadien sera encore dans la course à la Coupe Stanley le 11 mai prochain, date de l’assemblée générale des actionnaires de Bombardier.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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