MONTRÉAL – Du 29 février au 3 mars 2016 s’est tenu Heli Expo 2016, le salon numéro un au monde de l’hélicoptère civil pour la première fois de son histoire à Louisville, au Kentucky, sur un million de pieds carrés dont 314 600 couverts par les stands au Kentucky au Kentucky Convention Center.
Organisée par l’Helicopter Association International (HAI) d’Alexandria, en Virginie dont les membres opèrent plus de 5000 hélicoptères dans le monde, la grande messe mondiale de la voilure tournante qu’est Heli Expo 2016 a réuni 695  exposants et attiré plus de 14 000 visiteurs professionnels et 60 hélicoptères en exposition selon les premières estimations. Ces chiffres seraient en hausse par rapport à l’édition 2015 qui s’était tenue à l’Orange County Convention Center d’Orlando, en Floride.
Bien qu’il s’agisse d’un salon aéronautique important où des entreprises ayant pignon sur rue au Québec y tiennent une place considérable, Bell Helicopter Textron Canada, Pratt & Whitney Canada, CAE, CMC Esterline, Hélicoptères Canadiens mais aussi des PME comme Heli Tow Cart de Saint-Nicolas de Lévis, aucun organe de presse du Québec n’y fut présent.
En dépit de deux annonces majeures pour l’industrie aérospatiale du Québec, aucune mention n’en fut faite dans la presse québécoise, ni dans les journaux, ni à la radio, ni à la télévision!
Irène Makris, vice-présidente, ventes et marketing, chez Pratt & Whitney Canada, souligna que dans un contexte de marché difficile, aucun motoriste n’avait vraiment les moyens de développer à partir de zéro, une nouvelle turbine.
Le motoriste de Longueuil, filiale du groupe United Technologies Corporation d’Hartford, au Connecticut proposera, à court terme, des évolutions des turbines existences dans le but de réduire la consommation en carburant.
Selon, Tim Sweal, vice-président, programmes aux clients, des technologies développées pour le Geared Turbo Fan ou GTF, présentes sur le PW1500G du CSeries de Bombardier, seront intégrées aux modèles de turbines hélicoptères existantes.
Néanmoins d’ici cinq ans, entrera en service un successeur totalement nouveau du PT6, le best seller du motoriste de Longueuil dont depuis sa mise en service en 1963, 51 000 ont été construits et 27 000 sont encore en service.
Cette nouvelle turbine dont le développement n’est pas sans lien avec le lancement de la toute nouvelle famille de turbopropulseurs de GE Aviation ‘Advanced Turboprop Engine’ ou ATP. D’une puissance de 1500 à 2000SHP, cette turbine sera aussi destinée aux hélicoptères de la classe des dix tonnes.
D’ailleurs, le motoriste québécois aurait déjà entamé des négociations avec des hélicoptéristes. Actuellement, seul l’Airbus Helicopters X6, une machine de 11 tonnes dont le développement s’amorce à peine, est prévue sur ce créneau.
Pratt & Whitney Canada travaille au développement d’une technologie qui permettrait sur les hélicoptères biturbines de mettre un des deux moteurs au ralenti durant le vol, permettant ainsi une notable réduction de la consommation.
Finalement, P&WC a réussi à augmenter le Time Between Overhaul (TBO) sur deux de ses turbines pour hélicoptères. Ainsi le TBO des PW210 propulsant les Finmeccanica Helicopter (anciennement AgustaWestland) AW169 et Sikorsky S-76D passera de 3500 à 4000 heures et celui du PT6B-37 équipant les Finmeccanica AW119Kx de 3000 à 4500 heures.
Actuellement, plus de 8 600 moteurs d’hélicoptère de P&WC sont en service et 4 300 hélicoptères actuellement en sont équipés. Le motoriste québécois a livré plus de 15 000 turbomoteurs destinés aux hélicoptères ayant cumulé 55 millions d’heures de vol à ce jour.
Au fil du dernier quart de siècle, Pratt &Whitney Canada a homologué 100 moteurs, soit un nombre record pour le secteur aérospatial. Sa gamme de turbomoteurs comprend 34 modèles dont le PT6T-3 TwinPac, premier modèle entré en service en 1968. Au cours des cinq dernières années seulement, trois importantes homologations de moteurs ont eu lieu, soit celles des PW210S, PW210A et PT6C-67E.
L’hélicoptériste de Fort Worth, au Texas, Bell Helicopter, présenta ses deux derniers-nés, des hélicoptères totalement nouveaux. Furent présents le monoturbine d’entrée de gamme Bell 505 JetRanger X dont la certification est prévue pour 2016 et le biturbine moyen de 9 tonnes, le Bell 525 Relentless qui devrait être certifié en 2017.
D’entrée de jeu, Mitch Snyder, président du conseil d’administration de Bell Helicopter ,annonça que l’hélicoptériste de Forth Worth étudiait le lancement de deux ou trois modèles complètement nouveaux
En dépit des mises à pieds élevées aux installations de Mirabel, au nord de Montréal, l’année 2015 fut remplie pour l’hélicoptériste texan.
Par une commande du transporteur sanitaire américain Air Methods pour deux cents machines, Bell Helicopter lança lors d’Heli Expo 2015, le Bell 407GXP dont le premier exemplaire a été livré en janvier 2016.
En juillet, le Japon optait pour le Bell 412EPI comme plate-forme du programme de l’hélicoptère UH-X, une réalisation conjointe de Bell Helicopter et de Fuji Heavy Industries portant sur 150 machines à livrer à partir de 2022. La production du Bell 412 pouvant être transférée vers l’Empire du Soleil Levant, monsieur Snyder assurant néanmoins que son successeur serait construit à Mirabel.
De son coté, le Bell 525 Relentless, un biturbine de 16 à 20 places de la classe des 9 tonnes, au prix unitaire de plus de 15 millions de dollars américains, a effectué son vol inaugural le 1er juillet 2015 aux installations de Bell Helicopter à Amarillo, au Texas où il est construit,
Propulsé par deux turbines GE Aviation CT7-2F1 et équipé de pales en composite, le Bell 525 excède la vitesse de croisière annoncée à son lancement de 155knt ou 287km/h. Les deux prototypes (Flight Test Vehicle ou FTV) du Bell 525 qui ont accumulé 125 heures de vol seront rejoints bientôt par trois autres pour compléter la campagne de certification de 1500 heures de vol.
Conçu pour répondre aux besoins des secteurs pétroliers et miniers, le Bell 525 compte 80 lettres d’intention. Mais avec le ralentissement de ces deux secteurs, Bell Helicopter vise maintenant les marchés du transport exécutif VIP et de la recherche et du sauvetage.
Les responsables du constructeur texan songent en offrir une version militaire qui affronterait ainsi le Sikorsky UH-60 Black Hawk.
Le monoturbine d’entrée de gamme au prix unitaire d’un peu plus d’un million de dollars américains, le Bell 505 JetRanger X, poursuit son programme d’essais en vol. Aux dires de Mitch Snyder, sa certification est toujours prévue pour cette année, les trois prototypes ayant accumulé plus de 500 heures de vol.
Actuellement Bell Helicopter détient 350 lettres d’intention pour ce monoturbine, le premier Bell équipé d’un moteur Turbomeca, un Arrius 2R.
Coté militaire, le fuselage du premier démonstrateur Bell V-280 Valor, un convertible dont le vol inaugural est attendu pour la seconde moitié 2017, a été livré aux installations de Bell Helicopter d’Amarillo au Texas. Développé dans le cadre de l’appel d’offre Joint Multi-Role (JMR) de l’US Army visant au remplacement des Sikorsky UH-60 Black Hawk, le V-280 affronte le SD-1 Defiant de l’équipe Boeing Sikorsky. Ayant vendu en septembre 2009, sa part de 50% dans le premier convertible civil, le BA609 devenu l’AW609 à l’italienne AgustaWestland, renommé Finmeccanica Helicopters depuis le 1er janvier dernier, Bell Helicopter n’envisage pas une version civile du V-280.
Toujours en 2015, le convertible militaire Bell/Boeing V-22 Osprey a été choisi pour le programme Carrier Onboard Delivery (COD) de l’US Navy qui comporte la livraison de 40 machines pour le remplacement des Grumman C-2A Greyhound. Le Japon a passé commande de 17 V-22 devenant ainsi le premier client international de ce tiltrotor tandis que plusieurs pays s’y intéresseraient dont Israël.
Finalement, douze hélicoptères biturbine d’attaque AH-1Z Super Cobra ont été commandés par le Pakistan.
En 2015, Bell Helicopter a livré de ses installations de Mirabel, 175 appareils civils : 99 Bell 407 GX/GPX, 52 Bell 429, 12 Bell 412 EP/EPI et 12 Bell 206 L4. L’Amérique du Nord fut le premier client avec 69 appareils suivie de l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique avec un total de 47, de l’Amérique latine, 31 et de la zone Pacifique, 28.
Des prévisons modestes.
Mike Hirschberg, le président exécutif de l’AHS International qui d’ailleurs possède une section active à Montréal, souligna que la remontée du secteur civil ne pourra compenser pour le repli du marché militaire en unités livrées et encore moins en valeur.
Ainsi d’un sommet en 2013 avec 854 hélicoptères militaires, les livraisons devraient glisser à 734 en 2015 et de 2016 à 2020, fléchir de 24% de 776 à 591 machines.
Sur le marché civil, les livraisons devraient augmenter de 32% de 1150 à 1520 hélicoptères de 2016 à 2020.
Bien que les livraisons totales se hisseront de 10% de 2016 à 2020 pour atteindre 2110 unités, leur valeur sera inférieure de cinq milliards de dollars compte tenu d’un prix unitaire des hélicoptères militaires plus élevé.
Toujours selon l’AHS International, Russian Helicopters devrait s’accaparer de 18% du marché en valeur, suivi de Sikorsky Aircraft avec 16%, Airbus Helicopters, 15%, Finmeccanica Helicopters, 11%, Boeing, 8%, Bell Helicopter, 8%, NH Industries, 6% et Bell/Boeing, 6%.
L’édition 2017 d’HAI Heli Expo se tiendra au Kay Bailey Hutchinson Convention Center de Dallas, au Texas du 6 au 9 mars 2017.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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