MONTRÉAL – Le mardi 10 novembre, la Presse Canadienne nous informait que Justin Trudeau aurait évoqué à huis clos avec les dirigeants du Congrès du travail du Canada le dossier de Bombardier et du CSeries.
Ce développement semble le dernier épisode de cette montée de pression sur les divers paliers de gouvernements canadiens pour secourir le dernier-né de Bombardier.
Bien que cela a tout d’un scénario bien ficelé, petit à petit les manœuvres du constructeur québécois se dévoilent.
Maintenant bien installé au pouvoir, Justin Trudeau commence tout à coup à s’intéresser à Bombardier, je dirais même à en prononcer le nom car lors de la campagne électorale il resta totalement muet sur la question de peur de s’aliéner des précieux votes en Ontario et même ailleurs dans le ROC (Rest of Canada).
Par contre le candidat Libéral fut bien loquace pour sortir sa verve et son énergie contre le F-35 par pur opportunisme politique pour ne pas dire électoraliste.
Revenons à Bombardier et au CSeries.
Mais maintenant au pouvoir avec une majorité parlementaire, le nouveau Premier ministre canadien ne pourra que suivre le pas de son mentor, Jean Chrétien, qui engouffra plus d’un milliard de dollars de l’époque de fonds publics dans Canadair, alors société de la Couronne, avant sa ‘vente’ à Bombardier.
La stratégie de Bombardier qui aboutit maintenant à une demande supplémentaire d’aide auprès du fédéral a été bien orchestrée.
L’avionneur montréalais s’étant tourné en vain vers Airbus, les Chinois, Embraer et peut-être même Boeing alors que ses liquidités flambaient à cause de l’allongement du programme de certification et du report des livraisons du CSeries, Québec ne pouvait rester immobile.
Il ne pouvait s’en suivre que l’annonce du 29 octobre dernier du ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations du Québec, Jacques Daoust, qui donna presque deux milliards de dollars canadiens à Bombardier.
Ensuite, il ne restait qu’à mettre Ottawa au pied du mur et cela fut fait, Québec pressant le gouvernement fédéral fraichement élu d’appuyer financièrement à son tour Bombardier.
En arrière-fonds, nous apprenons qu’à son tour la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CPDQ) s’affaire à un montage financier favorable au constructeur du CSeries.
Finalement, il ne manquait plus qu’un battage médiatique pour conquérir l’opinion publique afin qu’elle accepte les aides à Bombardier tout en ne remettant pas en question le contrôle de la famille sur l’entreprise.
Dans ce but, se succédèrent alors les interventions médiatiques de Michel Nadeau, Mehran Ebrahimi et Guy Savard en faveur d’un soutien.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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