MONTRÉAL – Au plan provincial, il est évident que le gouvernement Libéral de Philippe Couillard ne se lancera pas dans une offre d’aide directe sous forme d’avances ou de subvention, politique d’austérité oblige.
Par contre, Québec pourrait faire participer la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CPDQ) assise sur plus de 240 milliards de dollars d’actifs. La Caisse pourrait intervenir par le jeu ou le biais d’une prise de participation dans le capital actions de Bombardier. D’ailleurs en entrevue de presse à la Délégation générale du Québec à la veille du Salon du Bourget, en juin dernier à Paris, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust avait repoussé toute aide directe mais évoqué plutôt une entrée au capital de l’avionneur montréalais.
Au plan fédéral, les choses sont plus compliquées.
Aider l’industrie aérospatiale du Québec signifie pour tout candidat au poste de premier ministre fédéral, des pertes de votes dans l’Ouest. Qui ne se souvient pas de la levée de boucliers de l’Ouest lors de l’octroi par le gouvernement Progressiste Conservateur de Brian Mulroney du contrat d’entretien des chasseurs McDonnell Douglas CF-18 Hornet à Bombardier au lieu de Bristol de Winnipeg, au Manitoba.
Dans ce contexte, il serait peu probable de voir un des trois candidats nationaux ne serait-ce qu’aborder le sujet. Encore moins s’engager en faveur de Bombardier ou du CSeries.
Au lendemain des élections, les choses pourraient être bien différentes.
Un gouvernement majoritaire Conservateur, Libéral ou Néo-Démocrate n’aura d’autres choix que d’aider Bombardier pour assurer la certification et l’entrée en service des CS100 et CS300 dans le respect des règles de l’Organisation mondiale du commerce (WTO).
Mais néanmoins le scénario le plus favorable à l’avionneur québécois serait l’élection d’un gouvernement Conservateur minoritaire qui devrait forcément s’assurer du soutien du Bloc Québécois pour rester au pouvoir. Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois donnerait alors très certainement son soutien au gouvernement de Stephen Harper en échange d’une aide à l’avionneur québécois. Dans le passé, il l’a fait tout en allant chercher pour plus de trois milliards de dollars de transfert de fonds fédéraux au bénéfice du Québec.
Quoiqu’il advienne, la question de fonds restera inchangée comme le souligne Richard Aboulafia, vice président de Teal Group de Fairfax, en Virginie, ‘If the CS100 was a compelling plane at a compelling price, it would have been (already) sold to an important customer’.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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