PARIS – Le vendredi matin précédent l’ouverture du Salon du Bourget est le moment de la traditionnelle conférence de presse de Dassault Aviation sur la péniche du constructeur baptisée ‘Le Talisman’ amarrée sur la Seine face au siège social de Saint-Cloud.
Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation depuis 20, un ingénieur de formation entré au sein de l’entreprise à l’âge de 25 ans s’adressa dans la magnifique salle de conférence sise dans la cale de la péniche devant un soixantaine de journalistes et analystes ainsi qu’au premier rang Serge Dassault et Charles Edelstenne, l’ancien PDG de Dassault.
Après des décennies de disette pour l’avion de combat Rafale sur le marché export, l’année 2015 a marqué un tournant avec la signature, le 16 février, du contrat de fourniture à l’Égypte de 24 appareils suivi le 4 mai de celui avec le Qatar pour autant d’aéronefs.
Quant à l’Inde, les deux premiers Mirage 2000 modernisés ont été remis aux autorités indiennes le 25 mars. Les autres le seront à Bangalore. Deux semaines plus tard après près de trois ans de négociations pour l’achat de 126 Rafales dont la production serait réalisée en Inde hormis les 18 premiers exemplaires, le gouvernement indien déclarait, le 10 avril, son intention d’acquérir, de gré à gré, ‘sur étagère’ ou ‘Off the Shelf’ 36 Rafale pour faire face à des besoins urgents. Monsieur Trappier reste convaincu qu’il y aura une seconde partie au contrat avec des achats supplémentaires accompagnés d’une construction en Inde sous le leadership de Dassault. L’inde a des besoins criants en matière de chasseurs et aligne une flotte d’avions de combat assez âgée. Dassault Aviation perçoit déjà une augmentation des visites au stand et au chalet de délégations militaires étrangères durant le présent Salon. Actuellement, la priorité est de finaliser le contrat des 36 chasseurs.
La production du Rafale est de 11 appareils par année, soit une par mois en tenant compte de l’arrêt de la chaine de montage pendant le mois de vacances. L’obtention d’un troisième contrat pousserait Dassault à considérer une hausse des cadences de production.
Quant au remplacement des McDonnell Douglas CF-18 Hornet des Forces armées canadiennes, monsieur Trappier a reconnu la discrétion récente de sa Société car il y a deux ans, un rapport remis au Ministère de l’industrie du Canada soulignait le côut élevé du Lockheed Martin F-35 Lightning II. De là , suite aux demandes d’information du gouvernement du Canada, Dassault Aviation présenta le Rafale. Depuis, le choix du F-35 par le Canada ne semble pas avoir été remis en cause reste persuadé le PDG de Dassault. ‘Nous attendons une réponse du gouvernement canadien avant de passer à une phase plus active’ souligna Éric Trappier qui reste convaincu que ‘sa société a fait tout ce qu’il fallait pour présenter le Rafale’. Pour entamer des négociations plus lourdes avec des partenaires potentiels canadiens, Dassault attend de savoir si le Canada remet en cause ‘son choix’ du F-35. Parmi ceux-ci, se retrouvent, entre autres, Bombardier, Pratt & Whitney Canada, Thales, bien implanté au Canada et partenaire du Rafale. L’assemblage du Rafale au Canada demeure une possibilité selon monsieur Trappier.
Pour l’Armée de l’air, Dassault travaille au développement du standard F3-R alors que 14 des 26 Rafale prévus dans la Loi de programmation militaire 2014-2019 restent à livrer.
De l’aveu du PDG de Dassault Aviation, tous les utilisateurs actuels du Mirage 2000 comme les Émirats arabes unis ou le Pérou sont des clients potentiels du Rafale et des approches et démonstrations en vol sont réalisées auprès d’eux.
Pour la Marine nationale, l’avionneur de Mérignac a livré, le 21 mai, le troisième Falcon 50 SURMAR (surveillance maritime) alors que se continent les travaux de modernisation sur les Atlantique 2, les biturbines de patrouille et de lutte-anti-sous-marines.
Le 25 avril, la Japan Self Defense Force portait son choix sur le Falcon 2000MRA de patrouille maritime.
Côté drone, le nEUROn a effectué son centième vol à Istres le 26 février avant de partir en Italie pour quelques vols. Ensuite, il s’envolera pour des essais en vol en Suède
Le 18 mai dernier, les gouvernements français, allemands et italiens confiaient à Dassault Aviation, Airbus Defence & Space et Finmeccanica, la réalisation sur deux ans d’une étude de définition d’un drone MALE (Moyenne altitude longue endurance) sous l’acronyme MALE 2020. Le 5 novembre précédent, Paris et Londres remettaient à Dassault Aviation et BAE Systems, un contrat de deux ans pour étudier la faisabilité d’un Système de combat aérien futur (FCAS). Le Salon sera, aux dires d’Éric Trappier, ‘de faire le point avec les partenaires à ce programme et voir à la préparation de la suite’.
Côté aviation d’affaire, l’année 2015 est déjà chargée. Ainsi, le 6 février le Falcon 8X effectué son vol inaugural alors le 2 juin, le Falcon 5X qui affiche la cabine la plus large du marché des bizjets, réalisait sa sortie d’usine à Mérignac dans les deux cas. Le choix fut délibéré de la part de la direction de Dassault de diriger le Falcon 5X vers un créneau inoccupé car il s’agira du premier avion capable de parcourir 5200NM munie d’une cabine aussi large et spacieuse.
Le Falcon 8X vise un marché différent, celui au-dessus du Falcon 7X en ajoutant 500NM de rayon d’action, d’une grande importance pour être capable de relier la Chine et d’Europe surtout d’est en ouest
Dassault offre avec ses six jets d’affaires à cabine large des rayons d’action allant de 3350NM à 6450NM.
Falcon 2000S | 3350NM |
Falcon 2000LXS | 4000NM |
Falcon 900 LX | 4750NM |
Falcon 5X | 5200NM |
Falcon 7X | 5950NM |
Falcon 8X | 6450NM |
Éric Trappier reconnut la faiblesse actuelle du marché chinois convaincue que la reprise se manifestera bientôt et que le ciel chinois se dégage des contraintes de contrôle aérien.
Monsieur Frappier ne manqua pas de souligner que les enjeux de Dassault Aviation au Salon du Bourget 2015 seront lors des journées Grand public de cet évènement né en 1907 de contribuer à la passion aéronautique française et lors des quatre jours professionnels, de lundi matin à jeudi soir, de promouvoir ses produits, de rencontrer ses clients, d’échanger avec ses partenaires industriels et de présenter ses projets pour le futur ‘basé sur une expérience unique d’une entreprise qui fêtera ses cent ans l’an prochain’. Du côté civil, il arrive que des contrats y soient signés.
Au statique, Dassault Aviation alignera côté aviation d’affaires, un Falcon 2000LXS, un Falcon 900LX, un Falcon 7X et la maquette de la cabine du Falcon 5X à l’échelle 1 déjà présentée aux derniers salons NBAA BACE et EBACE; et, côté aviation militaire, un Rafale M et un Rafale C.
Aux démonstrations en vol quotidiennes, la Société présentera un Rafale et le Falcon 8X.
Dassault Aviation a consacré en 2014 en recherche et développement autofinancés, 13,4% de ses revenus qui se sont élevés à 3,680 milliards d’Euros. Ce montant n’inclut pas la recherche financée pas l’État français. L’effort sera maintenu en 2015 pour soutenir la campagne de tests en vol et de certification du 8X prévue en 2016 et le développement du 5X qui devrait être certifié en 2017.
Quant aux cadences de production et à l’emploi, l’octroi d’un troisième contrat de Rafale pourrait changer les choses. Pour l’instant, rien ne change selon monsieur Trappier.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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