MONTRÉAL – Nombre de mots : 820 – Temps de lecture : 4 minutes. Mercredi, le réseau de télévision montréalais TVA nous apprenait que le projet d’aménagement d’une aérogare à l’aéroport de Saint-Hubert (YUH) devient de plus en plus sérieux alors que le gouvernement du Québec accepte d’injecter, par le biais d’une subvention, 800 000 dollars pour lancer le projet. Toujours selon l’article, cet argent servirait à mettre sur pied un bureau de projet. Nous serions maintenant loin des ‘si’ mais plutôt enfin dans les ‘quand’ et ‘comment’. Rappelons qu’ouvert en 1928, l’aéroport de Saint-Hubert fut le premier desservant la région de Montréal et reste le numéro un au Canada pour le nombre de mouvements d’aéronefs d’aviation générale.
Dans les années 1985, j’avais à l’époque soumis un texte au quotidien montréalais Le Devoir, un texte qui fut publié sur l’avenir des aéroports montréalais.
Horrifié par l’aéroport de Montréal-Mirabel (YMX), son éloignement du centre-ville de Montréal (56km par la route) et son manque de liens de communication modernes et rapides et vu l’étendue des terrains de l’aéroport de Montréal-Dorval (YUL) et de la faiblesse, à l’époque, du taux de croissance du trafic, je favorisais le retour des vols internationaux à Dorval et la conversion de l’aéroport de Mirabel en aéroport industriel sur le modèle de celui d’Alliance, au Texas. La suite des éventements me donna raison. Mais j’envisageais un rôle tout particulier à l’aéroport de Saint-Hubert (YHU), situé sur la Rive-Sud de Montréal à quelques 15km du cœur de la métropole où j’avais passé des mois pour ma licence de pilote privé.
J’y voyais l’aménagement d’une petite aérogare pour des liaisons régionales, à l’époque sur des avions du type Jetstream, Metroliner, Beech 90, Beech 1900 et Dash8-100/200 et la construction d’un FBO (Fixed-Based Operator) ou terminal pour l’aviation d’affaires digne de ce nom.
Mais la Rive-Sud de Montréal n’était pas encore ce qu’elle est devenue.
Elle est maintenant bien plus peuplée, abrite des quartiers riches ainsi qu’un bon nombre d’entreprises d’importance et de sièges sociaux. De plus, elle sert d’arrière-cour aux Cantons de l’Est, lieu de villégiature, de nature et de sports d’hiver. Dans le secteur de l’industrie aéronautique, la Rive-Sud abrite le motoriste Pratt & Whitney Canada, l’équipementier HérouxDevtek, l’Agence spatiale canadienne et même, un peu plus loin, le motoriste GE Aviation.
Traverser le fleuve Saint-Laurent pour se rendre ou venir de Montréal est de plus en plus pénible. N’en parlons même pas quand il s’agit de relier l’aéroport Montréal-Trudeau (YUL) pour un vol commercial ou un vol privé.
De plus, la gamme des avions de transport régional s’est fortement enrichie en termes de modèles et ainsi en termes de capacité d’emport et de rayon d’action alors que les aéronefs ont gagné en silence lors des phases de décollage et d’atterrissage.
Il est à peu près temps que les autorités aéroportuaires de Saint-Hubert, DASH-L, les élus de la Rive-sud, le milieu des affaires et de l’aérospatiale aillent tous de l’avant avec un aéroport digne de ce nom qui, tout en respectant la quiétude et les droits des riverains, servent aussi bien les besoins des écoles de pilotage d’avions à ailes fixes et d’hélicoptères, de l’aviation générale, du transport aérien régional commercial et de l’aviation d’affaires.
Avec un tel bassin de population et d’entreprises sur la Rive-Sud et au-delà en Montérégie et dans les Cantons de l’Est et compte tenu de la pénibilité de relier l’aéroport de Montréal-Trudeau, particulièrement aux heures de pointe, un marché existe certainement pour des vols commerciaux vers Québec (YQB), Toronto (YYZ et YTZ), peut-être Ottawa (YOW) et New York (LGA et JFK) et même au-delà avec des avions tels que le C Series, le E-Jet E2 ou le 737MAX7. Quant aux vols d’aéronefs d’affaires, un marché existe déjà , ayant personnellement, il y a quelques années, volé de Saint-Hubert vers l’aéroport de Teterboro (TEB), au New Jersey sur un Hawker 400 de FlightOptions.
Maintenant que les astres semblent enfin s’allier pour libérer le plein potentiel de l’aéroport de Saint-Hubert, il ne faudra pas manquer l’occasion d’en faire une pleine réussite au profit de tous.
Un bel aménagement aéroportuaire offrant une aérogare commerciale moderne ainsi qu’un FBO répondant aux besoins particuliers de ce type d’utilisateurs sans oublier un centre de formation en pilotage est possible en s’intégrant aux installations de l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA), le tout dans le respect des riverains par des accès routiers bien conçus et des corridors et des procédures d’approche et de décollage minimisant les nuisances sonores.
L’Aéroport de Saint-Hubert est resté en état de léthargie trop longtemps et cela doit changer alors que la Rive-Sud de Montréal attire de plus en plus.
De surcroit, cet aéroport doit échapper au triste sort de l’aéroport de Cartierville (YCV) sis en plein au milieu de l’Île de Montréal, qui est devenu un terne quartier résidentiel au nom champêtre de ‘les Bois Francs’ même si les arbres y font cruellement défaut.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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